Bibliographie
Olivier Bonfait (dir.), Le peuple de Rome. Représentations et imaginaire de Napoléon à l’Unité italienne, cat. exp. Ajaccio, Palais Fesch, 2013.
Pascal Griener, « Charles Gleyre et Léopold Robert. Le bon usage de Dionysos », in Entre Rome et Paris. Œuvres inédites du XIVe au XIXe siècle, Les Cahiers du Musée des Beaux-Arts de Lausanne n° 4, 1996, p. 49-56.
Pierre Gassier, Léopold Robert, Neuchâtel, Ides et Calendes, 1983.
Graveur de formation, Robert est reçu en 1812 dans l’atelier de Jacques Louis David qui l’encourage à se convertir à la peinture. Établi à Rome dès 1818, le Neuchâtelois s’oriente vers la scène de genre, animé cependant par la volonté de lui conférer une dimension épique dont attesteront ses envois les plus ambitieux au Salon de Paris (L’Arrivée des moissonneurs dans les marais Pontins, 1830, Paris, musée du Louvre).
En 1820, l’arrestation et la déportation à Rome de centaines de voleurs de grand chemin sévissant dans le Latium fournit à Robert l’occasion d’apporter sa contribution au mythe romantique du brigand. Il passe l’été dans la prison des Termini et multiplie les études pour une série de tableaux dont les variantes et le nombre des répliques autographes attestent du succès.
Ici, le peintre choisit de camper son personnage en pied, le fusil à la main, dans une attitude qui traduit l’alerte à l’approche du danger ou le repérage d’un convoi à attaquer. Jouant sur le sentiment tout à la fois de terreur et d’admiration qu’inspirent les hors-la-loi, Robert installe son portrait dans la solitude sévère d’une morne région montagneuse. Le charme du tableau tient à l’heureuse distribution et à la vivacité des coloris, mais surtout à l’attention méticuleuse portée au costume. Le larron porte les « ciocie », sandales en cuir dont les lacets de chanvre entourent les jambes, une veste et un pantalon de velours bleu, ainsi qu’un gilet à boutons d’argent. Il arbore un chapeau conique, orné de rubans de couleurs. Les manches et les bords de sa veste, garnis de galons d’argent, désignent le chef de bande. Détail propre à faire frissonner, le brigand exhibe des boucles d’oreille, des bagues, une montre et une cartouchière enrichie de plaques d’argent, sinistres souvenirs de ses exactions.