Bibliographie
S. a., « Dossier pédagogique : Ericka Beckman, Works 1978-2013 / Philippe Decrauzat, Notes, Tones, Stone», Grenoble, Le Magasin, 2014, publié en ligne : http://www.ac-grenoble.fr/educationartistique.isere/spip.php?article470.
Lionel Bovier (éd.), Philippe Decrauzat, Zurich, JRP Ringier, 2007.
Decrauzat développe un travail sur les processus de perceptions, notamment visuelle et auditive, qu’il transpose dans des compositions géométriques où se mêlent notamment des références à l’art abstrait et à l’histoire des sciences. C’est le cas de Stone, Notes, Tones, qui appartient à une série de sept toiles de même format réalisées par l’artiste en 2014 à l’occasion d’une exposition monographique au Magasin à Grenoble.
À l’instar des autres pièces présentées dans cette exposition (films, éléments scénographiques), cette série de peintures propose une relecture formelle des études d’Étienne-Jules Marey, médecin et physiologiste de la fin du XIXe siècle. La trame plus ou moins resserrée des lignes parallèles verticales, noires et blanches, qui compose ces toiles, reproduit les fluctuations d’une ligne courbe dessinée par une machine, inventée par Marey, permettant de retranscrire graphiquement le mouvement thoracique lors de la respiration.
Pour réaliser cette série, Decrauzat a projeté, selon un axe aigu presque horizontal, le diagramme de Marey sur les toiles apprêtées de blanc et placées côte à côte. Il a ensuite délimité un réseau de droites dont la netteté a été obtenue grâce au collage précis de bandes adhésives sur la toile, retirées après le passage à la peinture noire. Se poursuivant d’un tableau à l’autre, le motif ainsi obtenu semble se mouvoir. Son ondulation, par illusion d’optique, est perçue différemment selon la distance qui sépare le spectateur du tableau. Du souffle au diagramme, puis du diagramme à la peinture, le mouvement respiratoire traverse différents systèmes de représentation et transcende les modes de perception : ce n’est plus seulement le corps qui ressent la respiration, c’est aussi l’œil qui la voit pulser sur la toile.