André Derain
Forêt en Île-de-France (Sous-bois), vers 1946-1948

  • André Derain (Chatou, 1880 - Garches, 1954)
  • Forêt en Île-de-France (Sous-bois), vers 1946-1948
  • Huile sur toile, 33 x 41,2 cm
  • Don de Max Bangerter, 1966
  • Inv. 1966-047
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Si après le cubisme, Henri Matisse et Pablo Picasso se lancent dans une « nouvelle synthèse », Derain quant à lui s’enferme progressivement dans une manière archaïsante. Prosaïsme des sujets, manque d’imagination dans la composition, faiblesse de la facture, inégalité de la production, les critiques fusent, même de la part de ses partisans. Vers la fin des années 1940, les accusations de collaboration pour avoir participé en 1941 à un séjour en Allemagne organisé par le sculpteur Arno Breker entachent sa réputation et prolongent les années difficiles que traverse l’artiste.

Dans son art, Derain arrête le temps. Rassuré d’imaginer que les valeurs artistiques sont immuables, rassuré de trouver une stabilité dans le passé, il adhère à la grande tradition picturale, assumant ses filiations et, réinterprétant les œuvres à sa manière, mesurant sans cesse la distance le séparant de ses modèles. Avec ce paysage de l’Île-de-France, l’artiste s’inscrit dans la lignée de Camille Corot et de l’école de Barbizon, s’enfonçant dans les profondeurs de la forêt avec palette et pinceaux.

Pendant la seconde partie de sa carrière, Derain ne cherche pas à emprunter des voies nouvelles, mais sa façon de peindre évolue. Primitivisme, réalisme magique, dans cette œuvre tardive, peinte au sortir de la Seconde Guerre mondiale, il se dirige vers un réalisme lyrique et romantique. Le peintre pose avec rapidité sur un fond rouge des touches grasses mêlées de noir, de blanc, de vert et de bleu. Portant une attention toute particulière au rendu de la lumière, il concentre celle-ci sur le tronc d’un arbre au premier plan à droite. Derain déploie la forêt tel un écran dense et humide, cette «°forêt immuable dont il a tenté si souvent de pénétrer le mystère°», selon les mots de l’historien d’art Jean Leymarie.

 

Bibliographie

Jean Leymarie, Suzanne Pagé et alii, André Derain. Le peintre du « trouble moderne », cat. exp. Paris, Musée d’art moderne de la Ville de Paris, Paris, Paris-Musées, 1994.

Matthias Frehner, Rudolf Koella et alii, André Derain 1880-1954, cat. exp. Valence, IVAM – Institut Valencià d’Art Modern, Lausanne, Fondation de l’Hermitage, 2002, n° 198.

Michel Kellermann, André Derain. Catalogue raisonné de l’œuvre peint, tome III : 1935-1954, Paris, Galerie Schmit, 1999, n° 1454.