Jean-Baptiste Camille Corot
Lausanne et le lac Léman, juillet 1842

  • Jean-Baptiste Camille Corot (Paris, 1796 - 1875)
  • Lausanne et le lac Léman, juillet 1842
  • Huile sur toile, 25 x 36 cm
  • Don d'Alfred Strölin, 1955
  • Inv. 1955-016
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Si ses trois voyages en Italie sont les plus connus des séjours de Corot au-delà des frontières de la France, c’est en Suisse qu’il se rend le plus fréquemment. Le peintre, d’origine fribourgeoise par sa mère, y réside souvent. Il cultive des amitiés avec nombre d’artistes locaux, notamment Barthélemy Menn qui promeut sa peinture dans les expositions genevoises. Avec ce dernier, il se rend au château de Gruyères, propriété de la famille Bovy, et participe à la décoration de son salon par la réalisation de quatre paysages en médaillon (1853-1857).

En octobre 1825, en route pour Rome, Corot s’arrête à Lausanne et réalise une première vue en surplomb du lac Léman depuis le vallon du Flon, non loin de la propriété de l’Hermitage (coll. particulière), un point de vue adopté par les peintres voyageurs dès la fin du XVIIIe siècle. Dans les années 1840, l’artiste reprend le même motif dans deux nouvelles toiles, dont Lausanne et le lac Léman.

Ici, il adopte un point de vue sensiblement plus éloigné que dans la version de 1825, un cadrage lui permettant d’ouvrir sa composition sur davantage de nature : les frondaisons indéfinies envahissent le tiers inférieur et enchâssent la ville ; les toits de la Cité se détachent sur la surface calme du lac ; enfin, au loin, le relief des Alpes se confond avec les nuages. La silhouette de la cathédrale a légèrement changé, après que la tour-lanterne, incendiée par la foudre, a été reconstruite en 1827. Le premier plan est brossé à la manière d’une pochade, en de rapides coups de pinceaux enchevêtrés, dans une gamme étendue de verts. Lac, montagnes et ciel à l’arrière-plan se confondent dans une atmosphère brumeuse, peints dans des tons verts argentés et gris bleutés, en des touches allongées qui accentuent l’horizontalité du cadrage. Au centre, les teintes rouges des toits animent quelque peu le tableau.

Bibliographie

Paul Lang (dir.), Corot en Suisse, cat. exp. Genève, Musée Rath, Genève, Musées d’art et d’histoire, Paris, Somogy, 2010, n° 9.

William Hauptman, La Suisse Sublime vue par les peintres voyageurs (1770-1914), cat. exp. Lugano, Villa Favorita, Fondazione Thyssen-Bornemisza, Genève, Musée d’art et d’histoire, Milan, Electa, 1991, n° 57.

Erika Billeter (dir.), Chefs-d’œuvre du Musée cantonal des Beaux-Arts, Lausanne: regard sur 150 tableaux, Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, 1989, p. 66.