Bibliographie
Pierre-Paul Clément (intro.), témoignages de C. F Ramuz, Alexandre Cingria, Jean Apothéloz, Jean-François Reymond, Jean Clerc ou l’élection précoce, Lettres et documents, Lausanne, L’Âge d’Homme, 1983.
Jean Clerc sculpteur 1908-1933. Textes de René Auberjonois, François Fosca, C.-F. Ramuz, Gustave Roud, Élie Gagnebin, Charles Clément, Casimir Reymond, Sophy Giauque, Jean Apothéloz, Richard Hartmann, Lausanne, Éditions de Mon Repos, 1943.
Jean Clerc 1908 – 1933. Textes de Charles Clément, Casimir Reymond, Edmond Henry Crisinel, C. F. Ramuz, Lausanne, Éditions romanes, 1934.
Le portrait est l’art dans lequel Clerc a excellé, et le modelage la technique qui lui était la plus naturelle. Élève spirituel du naturalisme de Charles Despiau, mais de tempérament plus émotif et passionné, Clerc traque la vie. À Paris en 1929, il est marqué par les œuvres de Jean-Baptiste Carpeaux et d’Auguste Rodin. Il développe au début des années 1930 une technique consistant à modeler par boulettes aplaties qui, comme ici, couvrent ses figures de curieuses pastilles. Les yeux, placés très en avant du visage, lui confèrent une intense luminosité.
Nommé professeur de paléontologie et de géologie à l’Université de Lausanne en 1933, Gagnebin (1891 – 1949) est réputé pour ses travaux de cartographie géologique dans les Préalpes, et pour ses recherches sur le Quaternaire lémanique. Il est connu aussi pour ses écrits littéraires et philosophiques et pour ses critiques musicales. Jeune homme, il tient le rôle du lecteur lors de la création de L’Histoire du Soldat d’Igor Stravinski et Charles Ferdinand Ramuz, à Lausanne, en 1918. Le texte qu’il dédie à Clerc en 1943 montre qu’il a su repérer chez le jeune sculpteur les marques d’un génie précoce.
De ce portait de Gagnebin ont été conservés la terre (Lausanne, musée cantonal de géologie), ainsi qu’un plâtre (collection du Musée). Ce tirage en bronze a été moulé à la cire perdue par le fondeur genevois Mario Pastori et monté sur un socle en radiolarite bréchique et serpentinite. On retrouve ici l’apparence faunesque et le regard étrange de Gagnebin: « […] son visage dévoilait immédiatement la clarté de l’esprit. Il était atteint d’un léger strabisme et qui laissait à tout interlocuteur une impression particulière, parfois un peu gênante, car on ne savait de quel œil il vous regardait. » (Maurice Lugeon)