Yoshishige Saito
Peinture, 1963

Contemporain de Jirō Yoshihara, Saito fait partie comme lui des précurseurs de la peinture abstraite au Japon. Il peint dès l’adolescence et chemine à la rencontre des avant-gardes occidentales, s’intéressant au futurisme, au dadaïsme et au constructivisme, qu’il découvre essentiellement par les reproductions et la lecture, mais aussi par la visite d’expositions d’artistes exilés comme celle du Russe David Bourliouk (1920). Après avoir délaissé la peinture pour l’écriture de romans, Saito rallie quelque dix ans plus tard les avant-gardes japonaises naissantes et crée des reliefs abstraits. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, il s’établit à Uruyasu, petit village de pêcheurs, et passe par une brève période figurative. Le succès est au rendez-vous à la fin des années 1950 alors qu’il a renoué avec une forme d’abstraction plus expressive et qu’il expose non seulement au Japon, mais aussi sur la scène internationale.

Lorsqu’en 1963, la Tokyo Gallery est invitée à participer au 1er Salon international de galeries pilotes à Lausanne, son directeur fait le pari de présenter Saito, déjà âgé de presque 60 ans : 23 de ses peintures sur bois, toutes réalisée l’année même, sont exposées à Lausanne. Saito a initié depuis peu un travail qui conjugue sa pratique de la calligraphie et sa découverte des œuvres perforées ou lacérées de Lucio Fontana à la Biennale de Venise de 1960. Il travaille désormais sur des supports en bois, utilisant une perceuse pour en attaquer la surface, la perforer, y tracer des rainures et y gratter la couleur. Peinture superpose deux panneaux de bois. Le premier, rectangulaire, badigeonné de blanc, contient et amortit l’agitation interne du second, grande forme irrégulière, flottante, et d’un rouge vif, une couleur prédominante dans l’œuvre de Saito à cette époque. À sa surface, un semis de marques teintées de blanc et de noir s’ensuit de signes non linguistiques rapidement et presque violemment tracés.