Félix Vallotton
Les Charbonnières, 1889

  • Félix Vallotton (Lausanne, 1865 - Paris, 1925)
  • Les Charbonnières, 1889
  • Huile sur toile, 24,5 x 32,5 cm
  • Acquisition, 1938
  • Inv. 628
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Installé à Paris depuis 1882, Vallotton traverse à la fin des années 1880 une période de crise qui se traduit par un état dépressif. Aux difficultés financières s’ajoute un doute profond sur son devenir artistique. Certes, ses premiers portraits exposés au Salon des artistes français lui valent un début de reconnaissance et il fait partie de la représentation suisse à l’Exposition universelle de 1889, mais il peine à trouver sa voie après sa formation à l’académie Julian.

L’été 1889, l’artiste rentre en Suisse pour rendre visite à sa famille. Sur le chemin de Lausanne, il fait halte aux Charbonnières, dans le Jura. Là, il s’essaie au paysage, un genre auquel il a commencé à s’intéresser peu auparavant à Zermatt et qui prendra plus tard une importance majeure dans son œuvre. Vallotton subit les aléas d’un temps maussade, comme il l’écrit dans une lettre à son frère Paul : « 5h du matin. Il pleut sans cesse, ou sinon un vent affreux qui m’empêche absolument de travailler dehors. » Profitant d’une éclaircie, il peint quatre vues du hameau des Petites-Charbonnières (aujourd’hui Le Pont), situé entre le lac Brenet et le lac de Joux, dont deux seules sont aujourd’hui connues. Le peintre construit son paysage avec simplicité : des coups de pinceaux rapides pour le lac, la berge et le chemin, quelques petites touches pour les pêcheurs au premier plan. Une attention particulière est accordée aux maisons du second plan, dont l’orientation divergente des toits gris et rouges anime la composition, et dont il s’applique à rendre les reflets dans l’eau.

Si, pour Vallotton, les petites toiles peintes aux Charbonnières sont « d’intérêt uniquement privé », on observe déjà l’émergence d’une palette acide, un don de synthèse et une tendance à l’aplatissement de la perspective qui caractériseront sa manière ultérieure.

 

Bibliographie

Marina Ducrey, avec la collaboration de Katia Poletti, Félix Vallotton, 1865-1925 : l’œuvre peint, 3 vol., Lausanne, Fondation Félix Vallotton, Zurich, Institut suisse pour l’étude de l’art, Milan, 5 Continents Editions, 2005, n° 87.

Sasha M. Newman (dir.), Félix Vallotton, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Paris, Flammarion, 1992.