Albert Marquet
Notre-Dame, temps de neige, vers 1914

  • Albert Marquet (Bordeaux , 1875 - Paris, 1947)
  • Notre-Dame, temps de neige, vers 1914
  • Huile sur toile
  • Legs d’Henri-Auguste Widmer, 1936
  • Inv. 326
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Dès janvier 1908, Marquet est installé au cinquième étage du 19, quai Saint-Michel. À Paris comme ailleurs, il appréhende le paysage dans sa globalité, privilégiant les vues plongeantes. De la fenêtre de son atelier, il multiplie les vues de Notre-Dame, comme le fit aussi son voisin Matisse, avec un cadrage toujours changeant.

La tonalité sourde contrastant avec les plages de blanc de Notre-Dame, temps de neige témoigne de l’adoption par Marquet d’une palette plus réduite, passé sa période fauve. Le peintre abandonne les distorsions et les couleurs pures – jaunes, bleus et vermillons – prisées par ses collègues André Derain ou Maurice de Vlaminck. Il privilégie la synthèse ainsi que la recherche d’une certaine harmonie. La neige lui permet d’ailleurs d’abolir toute profondeur et de peindre presque en noir et blanc.

Cette vue urbaine des bords de Seine est caractéristique de la manière dont Marquet construit ses toiles. Un réseau de lignes épaisses, tracées comme des cernes, constitue l’armature du paysage. Associés à celles-ci, de larges touches, parfois quelques aplats ou zones laissées en réserve, viennent former les éléments essentiels de la composition. Pas de détails superflus. Seules quelques touches rapides animent l’espace du tableau. Le peintre rend avec poésie cette atmosphère d’un Paris ralenti par les intempéries. La péniche figée par un épais manteau neigeux fait écho à la cathédrale sombre et massive. Seules quelques personnes, rendues par de courtes touches noires, se sont risquées à sortir.

S’il voyage beaucoup, Marquet revient régulièrement jusqu’en 1931 peindre la Seine, les ponts et l’île de la Cité depuis la fenêtre de son appartement. Il a choisi un cadrage identique pour plusieurs toiles, peintes comme ici par temps de neige, mais aussi par temps ensoleillé ou pluvieux.

Bibliographie

Marquet : vues de Paris et de l’Île-de-France, cat. exp. Paris, Musée Carnavalet, Paris, Paris-musées, 2004.

Albert Marquet : du fauvisme à l’impressionnisme, cat. exp. Troyes, Musée d’art moderne, Paris, Centre Pompidou, Paris, RMN, 2003.