Ernest Biéler
Retour du baptême, 1907

  • Ernest Biéler (Rolle, 1863 - Lausanne, 1948)
  • Retour du baptême, 1907
  • Crayon, aquarelle et gouache sur papier, 54,1 x 59,8 cm
  • Dépôt de la Confédération suisse, Office fédéral de la culture, Berne, 1908
  • Inv. 601
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

L’attrait pour l’« exotisme proche » fait son apparition dans la peinture de genre européenne vers 1830. Il culmine au tournant du XIXe siècle, nourri par l’affirmation des identités nationales et la fascination pour des coutumes et des costumes en voie de disparition. Désormais, on s’intéresse à la simplicité des mœurs rurales plus qu’au mystérieux Orient ou à la luxuriante Italie.

Contemporain de la naissance de l’ethnographie, cet élan vers les provinces conduit le Vaudois Biéler en Valais, à Savièse, où il s’établit dès 1900. À partir de 1905, l’artiste inaugure une série de portraits de paysans et de scènes villageoises de petit et moyen formats. Son style repose sur la ligne de contour marquée, la surface traitée en aplat, les couleurs vives et l’agencement des formes subordonné à l’effet décoratif de l’ensemble. Cette nouvelle manière, qu’il appelle « peinture graphique », le conduit aussi à abandonner l’huile au profit de l’aquarelle et de la gouache qui, dénuées d’épaisseur et de brillance, contribuent à son effort de suppression du modelé. À l’occasion d’une exposition au Künstlerhaus de Zurich en 1907 où il montre trente-trois pièces de cette veine, la Confédération suisse acquiert ce Retour du baptême pour le déposer au Musée.

L’artiste représente ici une scène observée à Savièse, dont on reconnaît l’église en arrière-plan. Les femmes portent le « mandzon », jaquette courte à manches longues, sur la robe et le tablier du dimanche ; les hommes la longue ceinture de laine tissée, le « bandana » roulé en guise de cravate, et la chemise à plastron en lin. Les nouveau-nés sont recouverts d’une grande étoffe de soie polychrome, un drap de baptême bordé de dentelles, enrichi d’un ruban et d’une couronne de fleurs. Ce festival de couleurs et de matières et ce rituel religieux séculaire avaient tout pour séduire Biéler, chantre « d’un pays et d’une race », comme l’écrit un critique de l’époque.

Bibliographie

Ethel Mathier et Matthias Frehner, Ernest Biéler. Geträumte Wirklichkeit/Réalité rêvée, cat. exp. Berne, Kunstmuseum Bern, Martigny, Fondation Pierre Gianadda, 2011, n° 51.

Anne-Gabrielle Bretz-Héritier et Nicola-V. Bretz (dir.), Le costume de Savièse. Patrimoine vestimentaire de 1860 à nos jours, Savièse, Éditions de la Chervignie, 2011.

Elizabeth Fischer et Catherine Lepdor (dir.), Modes et tableaux. Œuvres de la collection et costumes de 1700 aux années folles, Les Cahiers du Musée des Beaux-Arts de Lausanne n° 10, 2000, n° 7.