Émile-Antoine Bourdelle
Vierge à l’offrande, 1920

  • Émile-Antoine Bourdelle (Montauban, 1861 - Vésinet, 1929)
  • Vierge à l’offrande, 1920
  • Marbre et dorure, 67 x 25,5 x 16 cm
  • Legs d’Henri-Auguste Widmer, 1939
  • Inv. 51
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

En 1914, la guerre éclate entre la France et l’Allemagne. L’Alsace et la Lorraine constituent le principal champ de bataille. Joseph Vogt, industriel et maire du village alsacien de Niederbruck promet d’ériger une statue à la Vierge si le village est épargné par les combats. En 1919, son vœu exaucé, il commande une sculpture à Bourdelle, l’un des plus importants sculpteurs de l’époque. Suite au décès de son père en 1921, Léon Vogt mène le projet à son terme, au final une sculpture de quelque six mètres érigée sur une colline.

Pour ce monument, Bourdelle conçoit une nouvelle image de la Vierge. Marie brandit son fils : « […] dans un mouvement familier elle l’élève au-dessus d’elle. Une des mains de la virginale maman tient une des mains de l’enfant aux bras levés comme en offrande […] l’enfant déjà pensif déploie de tout son corps naissant l’image de la croix », explique l’artiste, qui a pris pour modèle sa femme et sa fille. La rigidité de la figure mariale, composée de lignes rigoureuses, aux volumes vigoureux, est pondérée par la courbure gracieuse de son corps. La connotation moyenâgeuse de la coiffe et de la robe, la grâce robuste de la Vierge et les effets de draperie contribueront à ce que sa sculpture soit taxée d’archaïque par certains de ses contemporains. « Je sculpte en patois », répondra l’artiste. Présentée au Salon d’Automne à Paris en 1922, la Vierge à l’offrande enthousiasme Maurice Denis : « Cette Vierge Mère est un chef-d’œuvre de l’art moderne et de l’art religieux de tous les temps », écrit le peintre dans le journal La Vie.

Bibliographie

Ionel Jianou et Michel Dufet, Bourdelle, deuxième édition avec le catalogue des sculptures complété et numéroté, Paris, Arted Éditions d’art, 1975.

Gaston Varenne, Bourdelle par lui-même, sa pensée et son art, Paris, Fasquelle, 1937.