Bibliographie
Lauren Laz, Nicolas Raboud et alii, Francine Simonin, Berne, Till Schaap Edition, 2014.
André Corboz, Françoise Jaunin et Jacques Dominique Rouiller, Francine Simonin, cat. exp. Vevey, Musée Jenisch, Denges, Éditions du Verseau, 1992.
Simonin pratique la peinture, le dessin et la gravure, avec un engagement physique qui diffère selon le médium mais qui implique toujours avec la même force. Entrée aux Beaux-Arts de Lausanne en 1953, elle dessine d’après ses lectures et s’intéresse déjà au corps féminin dont elle choisit des modèles s’écartant de la norme. Sous la puissance de son geste, sa figuration devient de moins en moins intelligible. Certaines silhouettes apparaissent clairement dans la ligne tracée et certains lieux se devinent, tel le lac Léman que l’on reconnaît à ses remous bleus. Toutefois, les nombreuses références convoquées par Simonin ne transparaissent souvent que dans le titre de ses œuvres. Paysages, villes, corps, œuvres d’art, de littérature ou de musique constituent les sujets de l’artiste qu’elle assimile dans un même élan créatif. Elle déclare cependant les représenter sans rechercher une fidélité photographique.
Grande admiratrice des expressionnistes abstraits, notamment de Jackson Pollock et Willem de Kooning, Simonin travaille à plat et privilégie le support papier – moins onéreux que la toile, il lui permet d’expérimenter et de peindre sans se soucier du résultat. Elle travaille avec un pinceau, avec ses mains, avec ses doigts, avec un chiffon, toujours avec détermination. Dans l’effervescence de chaque exécution, elle décharge sur la surface du papier (ici deux feuilles montées ensemble) un courant intérieur et profond qui passe par son corps en mouvement. Il en est ainsi de Composition, dont le foisonnement est produit par l’accumulation de gestes. Les premiers traits déterminant la structure de l’œuvre ont disparu sous les couches successives. La surcharge de Composition se présente comme un jeu de masses colorées sans cohésion mais en tension. Car ce qui compte pour Simonin, c’est que la peinture, une fois redressée, exprime l’énergie qui a été la sienne au moment de la création et qu’elle cherche à communiquer.