Maria Helena Viera da Silva
La ville suspendue, 1952

  • Maria Helena Viera da Silva (Lisbonne, 1908 - Paris, 1992)
  • La ville suspendue, 1952
  • Huile sur toile, 137 x 115 cm
  • Acquisition, 1952
  • Inv. 1952-015
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Vieira da Silva fait partie de la Seconde École de Paris, un mouvement disparate de l’après-guerre, dont les plus éminents représentants sont Jean Bazaine, Roger Bissière, Maurice Estève et Alfred Manessier. Ces artistes pratiquent une forme d’abstraction expressive basée sur des éléments du monde réel. Leur cœur balance entre l’affirmation d’une certaine figuration (« figuration allusive ») et le refus de l’abstraction pure (« paysagisme abstrait »).

Vers la fin des années 1940, Vieira da Silva débute un ensemble d’œuvres représentant des bibliothèques, des gares, des rues et des villes, lieux de passage que Michel Foucault appellera des « hétérotopies ». Ces espaces intérieurs ou extérieurs proliférants et labyrinthiques sont des tours de Babel aux perspectives impossibles et à la gamme chromatique réduite. Cette Ville suspendue possède ces caractéristiques et pourrait être Lisbonne. La ville natale de l’artiste se distingue en effet par les étagements et les imbrications des maisons. Elle a probablement influencé tout l’œuvre de Vieira da Silva, qui la quitte à l’âge de vingt ans pour « monter » à Paris. Sur fond de bandes verticales jaune-ocre et bleues, un enchevêtrement complexe de lignes et de plans éclatés en facettes occupe le centre de cette toile comme un miroir brisé en mille morceaux ou comme un vitrail (genre très prisé par l’École de Paris) cloisonné au pinceau gris-bleu.

Œuvre majeure du début des années 1950, La ville suspendue a été réalisée à l’aube de la reconnaissance internationale de l’artiste. Cette toile a été l’une des premières œuvres de Vieira da Silva à entrer dans les collections d’un musée européen. Le Musée l’a acquise en 1952, suite à sa présentation dans le cadre de l’exposition Rythmes et couleurs, une manifestation dédiée aux grandes heures de l’art français de la première moitié du XXe siècle.

Bibliographie

Diane Daval Béran, Nathalie Galissot et alii, Maria Helena Vieira da Silva : l’espace en jeu, cat. exp. Céret, Musée d’Art moderne, Paris, Somogy, 2016.

Guy Weelen et Jean-Françius Jaeger, Vieira Da Silva. Catalogue raisonné, établi par Virginie Duval et Diane Daval Béran, Genève, Skira, 1994, p. 187, cat. 961.

Dora Vallier, La peinture de Vieira da Silva. Chemin d’approche, Paris, Weber, 1971.