Valérie Favre
Crystal Palace, 2014-2016

  • Valérie Favre (Évilard, 1959)
  • Crystal Palace, 2014-2016
  • Huile sur toile, 170 x 390 cm (triptyque)
  • Acquisition, 2017
  • Inv. 2017-017
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Avant de se consacrer aux arts plastiques dans les années 1980, Favre travaille comme comédienne de théâtre à Genève et à Paris. Elle s’essaie brièvement à la performance, puis trouve dans la peinture un médium suffisamment physique pour lui plaire. Elle se confronte avec la matière, peint des heures durant, parfois sans se nourrir, et travaille de longs mois à chaque œuvre. Son implication totale s’accompagne paradoxalement d’une forme de pragmatisme face à cette « entreprise impossible » : faire voir.

Crystal Palace fait partie de la série Les Théâtres, débutée en 2007. Sur trois panneaux créant un format panoramique se déploie une frise de personnages (danseurs, acrobates, animaux, squelettes, certains en tenue d’arlequin) rappelant le motif de la danse macabre. Les rideaux et les lampes indiquent qu’ils se trouvent sur une scène. En raison du cadrage serré, le spectateur ne sait pas s’il se situe sur l’estrade ou parmi le public. Favre joue aussi de cette incertitude en exposant ses Théâtres bas, afin d’y intégrer le monde extérieur. Elle ouvre un récit frontal sur la noirceur et la beauté de l’humanité, sur le drame et la comédie de toute vie, sur ce qu’elle appelle « la folie du monde ».

Favre travaille sans esquisse préalable. Elle plante un décor et y dispose des individus qu’elle corrige continuellement. Un premier état de Crystal Palace est ainsi exposé en 2015 à Strasbourg. Puis l’artiste remanie l’allure de certains personnages, leur position, leurs vêtements. Elle substitue par exemple à gauche un lustre à un personnage dans un aquarium, elle fait disparaître des tables qui servaient de scènes. La grande force narrative et l’aura de ce triptyque tiennent à la composition fourmillante, à la richesse imaginative et au traitement expressif de la matière picturale (couleurs, coulures, empâtements, accidents).

Bibliographie

Antonia Nessi (dir.), Valérie Favre, cat. exp. Neuchâtel, Musée d’art et d’histoire, Zurich, Scheidegger & Spiess, 2017, p. 139-140.

Valérie Favre. La première nuit du monde, cat. exp. Strasbourg, Musée d’art moderne et contemporain, 2015, p. 73-75.