François Morellet
Décrochage no 4, 2005

  • François Morellet (Cholet, 1926 - 2016)
  • Décrochage no 4, 2005
  • Acryl sur toile et néons, 235 x 153 cm
  • Donation d'Alice Pauli, 2018
  • Inv. 2018-103
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

En dépit d’un langage sévère et dépouillé, Morellet fait preuve d’une grande inventivité et d’humour dans son approche de l’abstraction géométrique. Après une brève période figurative à la fin des années 1940, l’artiste rejette l’expressivité rendue par le style ou par la touche. Évacuant les marqueurs de la subjectivité, il s’en remet à la rigueur des mathématiques et de la géométrie, sous l’influence de son ami artiste Pierre Dimitrienko et de la découverte de Max Bill et de Piet Mondrian. Les motifs géométriques qu’il observe dans diverses productions culturelles sont également une source d’inspiration. Si Morellet soumet par la suite la réalisation de ses œuvres à des contraintes préétablies et à des systèmes rigides, il intègre une part de hasard à sa démarche, par exemple en recourant à la répartition aléatoire, et met au point une sorte de rationalité absurde.

Morellet emploie le néon pour la première fois en 1963, à une époque où le tube lumineux conquiert le domaine de l’art (Martial Raysse, Dan Flavin, Mario Merz, etc.), et il ne cessera de travailler avec. Décrochage no 4 fait partie d’une série dans laquelle il poursuit ses recherches sur la lumière et sur la déstabilisation des formes par superposition, juxtaposition ou fragmentation. Comme l’indique le titre de l’œuvre – depuis 1956, Morellet l’emploie pour énoncer le protocole appliqué dans ses œuvres –, il s’agit d’un décrochage, en l’occurrence de la chute de deux des quatre arcs en néon délimitant le pourtour d’une toile ronde peinte en blanc à l’acrylique. Cette catastrophe organisée introduit du désordre dans l’ordre, elle déride ce qui relève du sérieux. Il y a une forme de plaisir à considérer l’égarement de ce cercle qui se fractionne et se repositionne avec une grâce presque ornementale. L’œuvre ne donne à voir rien d’autre que les éléments qui la constitue, mais elle les rejoue au gré d’une intervention minimale qui la rend immédiatement compréhensible par le plus grand nombre.

Bibliographie

Marie-Laure Bernadac, Caroline Joubert et Lauren Laz, François Morellet. L’esprit de suite, cat. exp. Caen, Musée des Beaux-Arts de Caen, Lyon, FAGE éditions, 2015.

Serge Lemoine, François Morellet, Paris, Centre national des arts plastiques, Paris, Flammarion (« La création contemporaine »), 1996.

Bernard Blistène et Catherine Grenier (éd.), Morellet, cat. exp. Paris, Musée national d’art moderne, Centre Georges Pompidou, Paris, Éditions du Centre Pompidou, 1986.