Léo-Paul Robert
Étude pour La Justice élève les nations, 1901

  • Léo-Paul Robert (Bienne, 1851 - Orvin, 1923)
  • Étude pour La Justice élève les nations, 1901
  • Crayon noir, aquarelle et sanguine sur papier contrecollé sur carton, 67,7 x 45,1 cm
  • Acquisition, 1924
  • Inv. 1696
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Fils d’Aurèle et neveu de Léopold, le Neuchâtelois Léo-Paul Robert est issu d’une dynastie de peintres. Formé à Munich et à Florence, puis à Paris dans l’atelier de Jean-Léon Gérôme, il remporte en 1877 une médaille d’or dès sa première participation au Salon. Au début des années 1880, il revient s’établir définitivement au Ried-sur-Bienne, se sentant investi d’une mission apostolique dictée par ses convictions protestantes.

En 1897, lorsque la Confédération confie à Robert une grande commande pour le Tribunal fédéral de Montbenon à Lausanne, l’artiste a acquis une solide réputation de muraliste avec la décoration du Musée de Neuchâtel. Achevées en 1906, La Justice élève les nations et L’Avènement de la Paix, deux immenses peintures sur toile, ornent aujourd’hui encore la cage d’escalier de l’édifice. Saisi de crises d’inspiration terrifiantes, le peintre s’est rendu à plusieurs reprises à Florence pour y étudier Giotto, Fra Angelico, Filippo Lippi. Malade, poursuivi par le doute, il a tardé à rendre ses études préalables, livrées au jury en 1901 seulement. L’iconographie, fruit de cette genèse cauchemardesque, est d’une telle complexité que l’écrivain Philippe Godet publie une brochure explicative à l’intention du public médusé.

Le Musée a acquis un ensemble de quatre études préparatoires pour ce projet à la vente après décès de l’artiste en 1924. Ces beaux dessins aquarellés s’éloignent du modèle académique par un réalisme intimiste touchant au visionnaire et confinent au symbolisme par le recours à des allégories empreintes de solennité et de noblesse humaniste. On voit ici une première proposition pour une des deux femmes armées qui, au sommet de la grande toile intitulée La Justice élève les nations, déploient au-dessus d’un paysage montagneux enneigé une banderole énonçant le thème. Dans la version finale, Robert revêtira cette figure d’une lourde robe de brocart bleue pour l’accorder à la gamme chromatique froide choisie pour l’ensemble.

Bibliographie

Laurent Langer, La peinture murale officielle suisse. La décoration intérieure de l’ancien Tribunal fédéral de Montbenon à Lausanne (1891-1906), mémoire de licence, Université de Lausanne, 2002.

L.- Paul Robert, cat. exp. Neuchâtel, Musée des Beaux-Arts, 1924, n° 542 B.

Philippe Godet, La justice et la paix : étude sur les peintures de Paul Robert au Palais de Justice, à Lausanne, Lausanne, Th. Sack-Reymond, Paris, Librairie Fischbacher, 1906.