Edgar Degas
Femme s’essuyant la nuque, vers 1903

  • Edgar Degas (Paris, 1834 - 1917)
  • Femme s’essuyant la nuque, vers 1903
  • Fusain et pastel sur papier-calque, 76,7 x 76,1 cm
  • Legs d’Henri-Auguste Widmer, 1939
  • Inv. 1032
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Degas consacre quelque deux cents pastels au thème de la femme à sa toilette. L’accent est mis sur le geste lui-même : la figure est vue en gros plan et le cadrage laisse peu de place à l’espace environnant. L’artiste représente ici une femme nue s’essuyant la nuque. Debout, le torse penché en avant, la tête baissée, elle écarte sa longue chevelure pour mieux pouvoir répéter de sa main droite un geste court et énergique.

Au fur et à mesure qu’il construit son dessin, Degas ajoute et superpose les couleurs, faisant fusionner la nouvelle charge de pastel avec celle déjà posée. Pour en adoucir la texture et le velouté, ou pour mieux mélanger les teintes, il procède par frottage du bout du doigt ou avec du papier. Ailleurs, il ajoute des coups nets, appuyés, qui déposent sur la feuille de véritables morceaux de matière. Alors que d’autres œuvres de Degas sur le même sujet jouent sur des teintes froides ou développent des combinaisons complémentaires d’orangés et de verts, ou encore de rouges et de violets, Femme s’essuyant la nuque, en dehors de la serviette bleu glacé, développe un mélange de tonalités chaudes. L’espace est envahi d’un rouge-orangé qui prolonge et diffuse les roses de la carnation et la rousseur de la chevelure.

Parallèlement, Degas travaille avec le fusain qui ne vient pas seulement fixer la composition mais dialogue avec le pastel. Le trait est appliqué vigoureusement, par coups superposés et répétés qui précisent les formes et leur confèrent une certaine monumentalité. Le fusain noir et les plages de couleurs lumineuses du pastel s’amalgament. Par un réseau complexe de hachures et de stries verticales et horizontales, les deux médiums construisent la figure dans son épaisseur charnelle.

Les pastels tardifs de Degas resteront dans son atelier jusqu’à sa mort. Ils seront découverts en 1918 et révéleront chez lui une liberté artistique insoupçonnée.

Bibliographie

Martin Schwander (éd.), Edgar Degas. The Late Work, Riehen/Bâle, Fondation Beyeler, Ostfildern, Hatje Cantz, 2012, p. 157.

George T. M. Shackelford et Xavier Rey (dir.), Degas et le nu, cat. exp. Boston, Museum of Fine Arts, Paris, Musée d’Orsay, Paris, Hazan, 2012, p. 248, n°259.

Richard Thomson, The Private Degas, cat. exp. Manchester, Whitworth Art Gallery, Cambridge, Fitzwilliam Museum, Londres, Arts Council of Great Britain and The Herbert Press Limited, 1987, p. 119, n° 158.