Leiko Ikemura
Gelbe Figur mit drei Armen (Figure jaune à trois bras), 1996

  • Leiko Ikemura (Tsu Mie, Japon, 1951)
  • Gelbe Figur mit drei Armen (Figure jaune à trois bras), 1996
  • Terre cuite et glaçure, 65 x 31 x 31 cm
  • Acquisition, 2001
  • Inv. 2001-018
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Émigrée en Europe de son Japon natal en 1972, Ikemura développe son œuvre à partir de la pratique du dessin qu’elle étudie à l’École des beaux-arts de Séville avant d’en explorer les potentialités dans son atelier zurichois entre 1979 et 1983. Par traits de crayon et de fusain rapides et appuyés, l’artiste peuple le papier d’étranges créatures humaines ou animales, d’êtres hybrides ou proches du monde végétal, avant de s’orienter vers la peinture dès le milieu des années 1980.

Parallèllement à la peinture, alors qu’elle s’est installée en Allemagne, Ikemura façonne également en terre cuite des personnages féminins qui rappellent les dessins de ses débuts, êtres sans tête ou aux organes démultipliés qui peuplent l’espace, isolés ou en groupe, allongés ou debout. L’artiste travaille directement la terre pour créer ses sculptures, sans modèle ou esquisse préalables, les possibilités offertes par la glaise – texture, volume, vide – déterminant la forme finale.

Gelbe Figur mit drei Armen (Figure jaune à trois bras) est une sculpture en terre cuite recouverte d’une glaçure allant d’un ton chair à un jaune lumineux. La figure – une fillette, si l’on en croit sa taille et sa petite robe jaune –, la tête penchée en avant, a l’avant-bras droit partagé en deux, une partie s’enfonçant dans la bouche, la seconde dans l’œil droit, tandis que le bras gauche est enfoncé dans l’œil gauche. Le haut de la chevelure dressée comme deux cornes au-dessus du visage présente une ouverture qui permet de constater que la sculpture est creuse. Dans un entretien réalisé une année avant l’élaboration de cette sculpture, Ikemura déclare que « les yeux sont des organes contestables, qui subrepticement se ferment au monde ». Repliée sur elle-même comme en circuit fermé, cette petite Figure jaune oscille ainsi entre un rendu figuratif réaliste et l’évocation métaphorique d’un être-au-monde douloureux, où la vue et le goût, mais aussi la respiration, sont momentanément annihilés.

Exposé actuellement

La collection

Bibliographie

Hortensia von Roda (éd.), Leiko Ikemura : Tag, Nacht, Halbmond/Day, Night, Half Moon, cat. exp. Schaffhouse, Museum zu Allerheiligen, Sturzenegger-Stiftung, Zurich, Scheidegger & Spiess, 2008.

Catherine Lepdor, Caroline Nicod, Doris van Drathen et alii., Leiko Ikemura. Les années lumière – Lichtjahre, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Milan, Skira, 2001.

Alexander Pühringer (ed.), Leiko Ikemura, Ostfildern, Hatje Cantz, 1995.