Alice Bailly
Joueuses d’osselets, 1912

  • Alice Bailly (Genève, 1872 - Lausanne, 1938)
  • Joueuses d’osselets, 1912
  • Huile sur toile, 80 x 100 cm
  • Acquisition, 1982
  • Inv. 1982-028
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Installée à Paris depuis 1906, Bailly se rapproche des Fauves puis, au tout début des années 1910, elle opère une mue stylistique spectaculaire au contact des cubistes de Montparnasse. On peut considérer qu’en 1912, lorsqu’elle expose ces Joueuses d’osselets au Salon d’Automne, son nouveau système formel et coloristique est en place. Schématisation de la composition, géométrisation et imbrication des formes, stylisation et facettisation des volumes, harmonisation de la gamme colorée, espace bidimensionnel, sont autant de caractéristiques qui l’inscrivent dans la filiation de Cézanne et la rapprochent de son contemporain André Lhote.

À l’été 1912, Bailly séjourne dans les Côtes-d’Armor. Maurice Denis s’était fait le chantre des plages et des amas de granite caractéristiques de la région dès 1898. Contrairement à lui, la Suissesse propose ici un paysage qui n’ouvre pas sur l’océan. Elle installe ses joueuses dans un espace clos, protégé par les célèbres rochers roses. Les deux artistes partagent cependant l’adhésion à une Antiquité fantasmée qui « méditerranéise » et « classicise » la Bretagne. Bailly cite ici, en l’inversant symétriquement, les Niobides jouant aux osselets (Naples, Musée archéologique national), une peinture monochrome sur marbre d’Herculanum à laquelle elle aura eu accès par la reproduction, n’ayant encore jamais voyagé en Italie. Dans son souci du rythme, la peintre équilibre les courbes et contre-courbes. Elle supprime deux figures en arrière-plan, ménage plus de distance entre les joueuses et introduit dans le vide entre elles une femme allongée qui reprend, aussi en l’inversant, une des maternités de sa période fauve (Femme nue et son enfant, 1909-1910, Winterthour, Stiftung für Kunst, Kultur und Geschichte).

Exposé actuellement

La collection

Bibliographie

Paul-André Jaccard, Alice Bailly. La fête étrange, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Milan, 5 Continents Editions, 2005, n° 42.