Bibliographie
Barbara Rose, Tony DeLap Painting : Sculpture and Works on Paper 1962-2013, Santa Fe, Radius Books, 2014.
Yves Aupetitallot et Catherine Lepdor (éd.), g.p. 1.2.3. Le salon international de galeries-pilotes à Lausanne 1963 1966 1970/The International Show of Pilot Galleries at Lausanne 1963 1966 1970, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, 2002, no 2.
René Berger, 2e Salon international de galeries-pilotes : artistes et découvreurs de notre temps, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, 1966, p. 44-45.
Polarisée entre la côte est et la côte ouest, la scène américaine des années 1960 est bouleversée par d’importants changements dans les pratiques artistiques, entraînés en grande partie par les développements de la sculpture. DeLap y participe depuis San Francisco, parallèlement à Donald Judd, Robert Morris, Richard Serra et d’autres à New York, dont les œuvres, réalisées dans des matériaux industriels et sous-traitées, présentent un volume régulier.
Cette absence d’artifices est l’un des aspects majeurs du minimalisme. Elle se manifeste chez DeLap avec une grande souplesse, l’artiste se jouant des limites d’une telle sobriété. La sculpture Tango Tangles II répond ainsi au principe de dépouillement et à la modularité. Cependant, les courbes des deux éléments qui la constituent lui donnent une certaine fantaisie, de même que la variété de leurs positions et de leurs articulations – qui peuvent changer à chaque situation d’exposition et en modifier la perception –, et son titre qui convoque une référence culturelle (un long-métrage de Charlie Chaplin).
Tango Tangles II fait partie d’un ensemble de sculptures, planes et volumétriques en raison de ces sections de « ruban », dont les titres renvoient tous à la filmographie du réalisateur britannique (Modern Times, Triple Trouble, etc.). Cette série repose sur l’infinité potentielle de ses variations, à partir de trois formes et quatre couleurs, toutes standardisées. Par ailleurs, chaque œuvre n’a pas de composition fixe, mais ses éléments s’assemblent, se déploient et se redéploient dans l’espace. Ici, les « enchevêtrements de tango » qualifient parfaitement la sculpture qu’ils nomment et la danse à laquelle elle se livre, de même que le double terme à quelques lettres près (tango/tangle) renvoie à l’idée du même toujours différent.
Cette œuvre a été exposée par la Dilexi Gallery, San Francisco, en 1966, lors du 2e Salon international de galeries-pilotes organisé par le Musée, sur l’initiative de son directeur d’alors, René Berger.