Théophile-Alexandre Steinlen
Soulaud. Épreuve de coloris pour Le Mirliton, n° 123, 18 août 1893, 1893

  • Théophile-Alexandre Steinlen (Lausanne, 1859 - Paris, 1923)
  • Soulaud. Épreuve de coloris pour Le Mirliton, n° 123, 18 août 1893, 1893
  • Crayon noir et crayon bleu sur papier, 47,6 x 35,8 cm
  • Montage et calligraphie de sa chanson par Aristide Bruant Donation Paul et Tina Stohler, 2018
  • Inv. 2018-198
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Steinlen fait la connaissance des artistes du cabaret du Chat Noir dès son arrivée à Paris au début des années 1880 et il devient bientôt l’illustrateur vedette de leur revue. En 1885, Le Chat Noir déménage et le chansonnier Aristide Bruant reprend ses locaux à Montmartre pour y ouvrir sa propre salle de spectacle, Le Mirliton, et lancer une nouvelle revue éponyme. En première page, il reproduit les partitions musicales et les paroles de ses plus grands succès. Il en confie le plus souvent l’illustration à Steinlen qui, les premières années, signe du pseudonyme Jean Caillou.

Pour Bruant, de 1884 à 1895, Steinlen réalise quelque 500 dessins pour illustrer 116 titres de musique. Beaucoup sont publiés dans Le Mirliton. En 1888 et 1895 paraissent les deux volumes de la publication la plus emblématique de cette collaboration: Dans la rue. Chansons et monologues. Dessins de Steinlen. À la fin des années 1890, les deux amis se brouilleront, Steinlen refusant, à l’heure de l’émergence des avant-gardes, de continuer à capitaliser sur l’image nostalgique de la bohème montmartroise.

Les dessins fournis par Steinlen au Mirliton comportent les indications de couleurs qui serviront à leur reproduction photomécanique. Ici, il a découpé des petites annonces publicitaires pour la revue et les a introduites dans son décor de rue pour figurer l’affichage sur la voie publique, à cette époque en plein essor. Les mains de l’ivrogne sortent de la vignette, rendant perméable la limite entre dessin et texte. Bruant a su tirer profit des dessins originaux en les revendant après les avoir augmenté d’un passe-partout sur lequel il a calligraphié le texte de ses chansons.

Bibliographie

Philippe Kaenel, avec la collaboration de Catherine Lepdor, Théophile-Alexandre Steinlen. L’œil de la rue, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Milan, 5 Continents Editions, 2008.

Jacques Christophe, Steinlen. Partitions musicales illustrées. Chansons et monologues d’Aristide Bruant, Lyon, Aléas, 2004, n° 96.