Bibliographie
François Bocion, au seuil de l’impressionnisme, cat. exp. Vevey, Musée Jenisch, Milan, 5 Continents, 2006, p. 21.
François Bocion, Du Léman à Venise, cat. exp. Lausanne, Fondation de l’Hermitage, La Bibliothèques des Arts, Lausanne, 1990.
Auparavant savoyard et rattaché à l’évêché de Lausanne, le Pays de Vaud est annexé par Berne au début de l’année 1536. En octobre, le souverain qui entend rallier ses nouveaux sujets à la Réforme convoque dans la cathédrale de Lausanne les représentants de l’église catholique et les tenants du protestantisme pour une « dispute », joute oratoire publique qui dure huit jours et se solde par la victoire des réformateurs emmenés par les théologiens Guillaume Farel, Pierre Viret et Jean Calvin. Tout aussitôt, les Bernois interdisent la célébration de la messe et font retirer le crucifix, les statues et les autels. Avant la fin de l’année, l’abolition du catholicisme est entérinée par l’édit de Réformation.
Cette toile résulte d’une commande passée en janvier 1853 par l’État de Vaud à titre d’encouragement à un jeune artiste vaudois. Elle fait partie des rares peintures d’histoire réalisées par Bocion après sa formation académique à Paris. Précédé de quantité de lectures, en particulier les travaux de l’historien Louis Vulliemin, préparé par de multiples études au crayon et à l’aquarelle (conservées au Musée), le grand tableau frappe par son souci descriptif et par sa composition scolaire qui répartit, à gauche les Réformés en noir, à droite les catholiques parmi lesquels de nombreux dominicains, sur le pourtour la foule des spectateurs. Outre des anachronismes (la chaire qui date du XVIIe siècle), on ressent ici la difficulté du peintre à inscrire dans la hauteur et la profondeur de la nef la disposition en demi-cercle des acteurs, schéma traditionnel pour les controverses religieuses depuis Raphaël (La Dispute du Saint-Sacrement, 1509-1510, Vatican, chambre de la Signature).
L’impasse à laquelle il avait abouti contribua certainement à convaincre Bocion de se vouer désormais au paysage, genre dans lequel il allait exceller.