Gabriel-Constant Vaucher
La Mort de Socrate, vers 1798 - 1799

  • Gabriel-Constant Vaucher (Genève, 1768 - 1814)
  • La Mort de Socrate, vers 1798 - 1799
  • Crayon noir sur papier, 80 x 118 cm
  • Legs d'Amélie Porchat, 1907
  • Inv. 992
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Fils d’un peintre sur émail, formé à l’École de dessin de Genève, puis à Rome dès 1782 par son cousin le peintre Jean-Pierre Saint-Ours, Vaucher est avec lui le promoteur du style néo-classique à Genève. Dix ans après Jacques-Louis David, il représente à son tour la mort de Socrate, exemplum virtutis pour inciter ses contemporains au courage citoyen. Il donne ici un exemple saisissant de l’utilisation des hauts faits de l’histoire antique pour traduire les aspirations au renouvellement éthique et politique après la Révolution française.

La scène est située dans un décor au fond architectural neutre. Autour de Socrate représenté au moment où il boit la ciguë, l’artiste a réuni la foule de ses élèves éplorés, dans des poses théâtrales et des costumes aux drapés sculpturaux. La plupart empruntent leurs poses à l’iconographie de la Passion du Christ. Ainsi du personnage agenouillé au premier plan, Christ tombé à terre sur le chemin du Golgotha; des hommes prostrés en arrière-fond, apôtres endormis au mont des Oliviers; ou encore du jeune homme qui se tord les mains, Jean au pied de la croix. La composition frappe par une symétrie ordonnée autour de la figure centrale, inspirée de L’École d’Athènes de Raphaël dont Vaucher était un fervent admirateur.

Le trait serré, la science des demi-tons, le rendu illusionniste de cet immense dessin en grisaille sont représentatifs de la virtuosité graphique à laquelle Saint-Ours initie Vaucher à Rome. Le Musée d’art et d’histoire de Genève conserve le même sujet, traité en peinture et dans un format monumental. Cette réduction au crayon était probablement destinée à la clientèle moins fortunée vers laquelle l’artiste se tourne au fil des ans, faute de trouver des amateurs locaux pour sa peinture d’histoire.

Bibliographie

Patrick-André Guerretta, « ‘‘C’est un nouveau Poussin qui s’avance sur la scène…’’. Gabriel-Constant Vaucher dans le contexte du revival du mythe de Brutus autour de 1785 », in Liber Veritatis. Mélanges en l’honneur du professeur Marcel G. Roethlisberger, Milan, Silvana Editoriale, 2007, p. 283-295.

Anne de Herdt, « Dessins de Constantin Vaucher (1768-1814), un artiste néo-classique à découvrir », Genava XLI, 1993, p. 1-15.