Albert Bartholomé
L’ Adieu à la vie ou Le Baiser, 1903

  • Albert Bartholomé (Thiverval-Grignon, 1848 - Paris, 1928)
  • L’ Adieu à la vie ou Le Baiser, 1903
  • Marbre, 38 x 51 x 18 cm
  • Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne. Legs d'Henri-Auguste Widmer, 1939
  • Inv. 47
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

À Genève, à la fin de la guerre franco-prussienne, le jeune soldat Bartholomé s’inscrit à l’École de la figure et suit les cours de Barthélemy Menn. Dès 1874, il retourne régulièrement à Paris avant de s’y installer définitivement en 1877 afin de poursuivre sa formation de peintre à l’École des beaux-arts auprès de Jean-Léon Gérôme. Le jeune artiste est remarqué par Edgar Degas, qui devient un ami intime, un confident.

En 1887, la mort de Prospérie de Fleury, sa première épouse, plonge Bartholomé dans le désespoir et dans une crise d’inspiration. Afin de l’aider à surmonter cette épreuve, Degas lui suggère de sculpter un tombeau pour l’immortaliser. Le peintre a tout à apprendre, du modelage de la terre au suivi attentif de la fonte du bronze et de la qualité de la patine. Bartholomé conçoit bientôt une œuvre de portée plus universelle, dédiée à tous les disparus, sans connotation religieuse. Ce sera le Monument aux morts, érigé au cimetière du Père-Lachaise à Paris en 1899. L’artiste voit dans cette œuvre qui l’occupera une dizaine d’années le moyen de partager ses tourments avec ceux qui sont accablés par la disparition d’un proche, mais aussi la possibilité d’analyser les différentes attitudes humaines face à un tel traumatisme. Chaque groupe ou figure isolée exprime un sentiment : la prostration, le refus, le désespoir ou la résignation.

Parmi ces figures, L’Adieu – une adolescente aux yeux clos qui envoie de la main gauche un dernier baiser à ses proches et à la vie – est un fragment très admiré. Il donnera lieu à plusieurs répliques, parmi lesquelles ce marbre commandé en 1903 à l’artiste par le collectionneur Henri-Auguste Widmer. Un autre exemplaire orne la tombe du peintre Charles Giron au cimetière de Plainpalais à Genève.

Bibliographie

Thérèse Burollet, Bartholomé. La redécouverte d’un grand sculpteur, Paris, Arthena, 2017, n° S. 6/19/F.

Paul-Louis Rinuy, « La collection de sculptures modernes du docteur Henri-Auguste Widmer », in Catherine Lepdor et Jörg Zutter (dir.), La collection du Dr Henri-Auguste Widmer au Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Milan, Skira, 1998, p. 67-79.