Bibliographie
Jörg Zutter (dir.) et alii, René Auberjonois, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Genève, Skira, 1994.
Hugo Wagner, René Auberjonois. L’œuvre peint – Das gemalte Werk, Catalogue des huiles, pastels et peintures sous verre, SIK, Zurich, Éditions du Verseau, Denges-Lausanne, 1987, nos 302 et 303.
Albert Muret, « Le Bi-Centenaire de la Mort du Major Davel à Cully », Das Werk, 1923, p. 246-251.
Du 14 au 17 avril 1923, Auberjonois séjourne à Épesses chez le peintre Albert Muret chargé d’organiser à Cully les célébrations du bicentenaire de la mort du major Jean-Daniel-Abraham Davel (1670-1723). Il vint « amicalement me donner un coup de main aux derniers jours de grande presse », raconte Muret. Dans un style naïf évoquant l’imagerie d’Épinal, Auberjonois brosse en quatre jours deux portraits monumentaux destinés au troisième des sept arcs de triomphe répartis le long du parcours du cortège historique. Il représente des épisodes de la carrière de Davel au service étranger, son enrôlement dans les troupes de Guillaume III (le panneau Hollande), puis dans celles de Louis XIV (le panneau France). La fête a lieu le 24 avril. La ville est entièrement pavoisée de blanc et de vert, les couleurs du drapeau vaudois. Chargé du discours, l’écrivain C. F. Ramuz fait prononcer à Davel une phrase demeurée célèbre : « Suivez-moi, je suis le vrai pays ».
Avec ces panneaux, Auberjonois poursuit au XXe siècle l’illustration du récit fondateur de l’indépendance de sa terre natale : en 1723, le major Davel réunit près de 600 hommes à Cully. Il projette d’occuper le château de Lausanne et d’y proclamer l’autonomie du Pays de Vaud. Le 1er avril, il est arrêté par les occupants Bernois et exécuté à Vidy, au bord du lac Léman. F.-C. de La Harpe est le premier, au tournant du XVIIIe siècle, à redonner une dimension héroïque à ce récit et à voir en Davel non pas un illuminé, mais un homme des Lumières, épris d’un idéal de liberté et de justice. Au XIXe siècle, c’est cette figure héroïque et fédératrice des ambitions républicaines du canton de Vaud – définitivement détaché de Berne en 1803, – qui inspirera au peintre Charles Gleyre une de ses toiles les plus célèbres, L’Exécution du Major Davel (1850).