Eugène Grasset
Le Saint Pleur. Adoubement du damoisel, 1891

  • Eugène Grasset (Lausanne, 1845 - Sceaux, 1917)
  • Le Saint Pleur. Adoubement du damoisel, 1891
  • Aquarelle sur papier, 21,5 x 13 cm
  • Acquisition, 2009
  • Inv. 2009-18
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

La carrière d’illustrateur de Grasset prend son envol en 1883 avec la parution de l’Histoire des Quatre Fils Aymon, saluée par les bibliophiles. Outre ses qualités esthétiques, cet ouvrage a pour particularité d’être imprimé en chromotypographie, un procédé de reproduction en relief inventé par Charles Gillot qui utilise le report photographique pour le transfert des dessins. Cette nouvelle technique « industrielle » révolutionne le monde de la presse et du livre car elle permet la reproduction des images artistiques à faible coût. Grasset, ami de Gillot, participe à ses premiers succès en fournissant des sujets à quantité de journaux (Paris illustré, L’Illustration, Harper’s Magazine), de maisons d’édition (Quantin, Monnier, Joanne) ou d’éditeurs de musique.

Cette aquarelle est un des dessins originaux ayant servi à l’illustration du Saint Pleur, une nouvelle de Jean Richepin publiée dans le Figaro illustré au mois de décembre 1891. Grasset décrit ici le moment où, par une intervention divine, le damoisel est fait chevalier du Saint Pleur in extremis, pour pouvoir se saisir au vol d’une buire contenant la Sainte Relique. La figure grimaçante en arrière-fonds est celle de Messer Satanas, venu la dérober : « Au même instant, deux éperons fleurirent […] aux talons du damoisel ; à son poing droit, […] une épée poussa comme un glaïeul ; et dans sa main gauche, placée sur son cœur, vint se poser comme un oiseau de flamme la buire en diamant qui le cuirassa de clarté. »

Les illustrations pour Le Saint Pleur frappent par leur fantaisie, pondérée par un souci d’exactitude archéologique nourri aux ouvrages d’Eugène Viollet-le-Duc. Grasset redonne vie à un vaste répertoire de formes médiévales mêlant ornements géométriques, animaux fabuleux et végétaux stylisés.

Bibliographie

Danielle Chaperon et Philippe Kaenel, « Eugène Grasset, l’enlumineur », in Catherine Lepdor (dir.), Eugène Grasset. L’art et l’ornement, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Milan, 5 Continents Editions, 2011, p. 27-37.

Anne Murray-Robertson, Grasset pionnier de l’Art nouveau, Lausanne, Éditions 24 heures, Lausanne, Bibliothèque des Arts, 1981, p. 128-155.