Aimée Moreau
Nature morte, 1975

  • Aimée Moreau (Paris, 1926 - Genève, 2023)
  • Nature morte, 1975
  • Huile sur toile, 48 x 58 cm
  • Acquisition, 1976
  • Inv. 1976-061
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

À l’issue de sa scolarité obligatoire à Paris, Moreau fréquente des académies de peinture privées de la capitale française. Elle se consacre entièrement à cette activité dès le milieu des années 1950. Dès lors, c’est-à-dire depuis plus de 60 ans, elle peint chaque jour sur le motif, selon des horaires définis par les obligations familiales, privilégiant les natures mortes. Elle crée dans des ateliers installés dans les appartements occupés avec sa famille : d’abord aux États-Unis de 1961 à 1971, puis à Genève, ainsi qu’en Grèce chaque année durant la saison estivale.

Elle arrange méthodiquement des compositions d’objets associés à l’espace domestique sur un plan de son atelier – étagère ou table –, qu’elle reproduit fidèlement à la peinture à l’huile. Affirmant qu’une composition en appelle une autre, Moreau travaille par séries, réutilisant régulièrement de mêmes objets dans différentes peintures, parfois changeant à peine un arrangement. Souvent dévalorisés du fait de leur fonction utilitaire (produits de ménage, accessoires de cuisine), de leur facture industrielle ou encore de leur utilisation éphémère (plastiques d’emballage, pots de supermarché), les éléments qu’elle représente font partie du quotidien de tout un chacun, et en particulier des femmes. Dénuées des aspects symbolistes ou ironiques qui se dégagent habituellement des peintures de ce genre, ses natures mortes offrent une ouverture sur le travail domestique.

Nature morte représente ainsi une balayette, posée en équilibre sur un caisson de bois brut. Derrière la brosse, la ramassoire en métal laqué est appuyée contre un mur boisé. La palette chromatique, réduite à l’extrême, met en valeur les détails les plus humbles : le vernis blanc écaillé de la pelle laissant apparaître le métal noirci, la ficelle rouge nouée au manche de la brosse pour faciliter son rangement, ou encore les échardes qui se détachent du bois non poli du caisson. En traitant les surfaces et les volumes avec le même souci d’exactitude, Moreau renonce à tout effet théâtral pour mieux diriger l’attention sur la simplicité du motif.

Exposé actuellement

La collection

Bibliographie

Barbara Zürcher, Aimée Moreau, cat. exp. Altdorf, Haus für Kunst Uri, Coire, edition Z, 2021.