Ernest Biéler
Portrait de Nathalie Biéler, sœur de l’artiste, 1885

  • Ernest Biéler (Rolle, 1863 - Lausanne, 1948)
  • Portrait de Nathalie Biéler, sœur de l’artiste, 1885
  • Crayon, pastel, aquarelle et gouache sur papier marouflé sur toile, 65 x 81 cm
  • Acquisition, 1983
  • Inv. 1983-006
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Installé dès 1880 à Paris où il accomplit sa formation artistique en fréquentant l’Atelier suisse, l’Académie Colarossi et l’Académie Julian, Biéler visite en 1884 l’exposition posthume organisée en mémoire d’Édouard Manet qui achève de le convertir à la peinture claire : « Lors de mon arrivée à Paris, on ne parlait que du ‘plein air’, de Manet. Au lendemain de sa mort, on fit une grande exposition de ses peintures à l’École des Beaux-Arts, exposition très fréquentée et très intéressante, où il y avait également beaucoup de pochades et de portraits au pastel. »

À cette époque, le portrait occupe une place importante dans la production de Biéler qui espère des commandes de particuliers pour pallier ses difficultés financières. Ce pastel très abouti, dessiné lors d’un séjour estival à Lausanne, a été rapproché à juste titre d’un tableau à l’huile qui n’aura pas manqué de frapper le jeune artiste à la rétrospective de Manet : Dans la serre (1879, Berlin, Nationalgalerie). On relève de nombreuses similarités avec la représentation dans sa partie gauche de madame Jules Guillemet, assise dans l’angle d’un banc sur fond de lauriers-roses, une ombrelle posée sur les genoux, la main gauche élégamment dégantée. Si le regard plein de vie de Nathalie est aux antipodes de la mélancolie de madame Guillemet, la composition, le plan rapproché, le cadrage qui coupe l’ombrelle et le fauteuil recouvert d’une soierie japonisante rappellent eux aussi des procédés et des motifs chers à Manet, tout comme la main gracieusement entrouverte. Biéler joue sur la complémentarité des verts et des rouges, qui contrastent avec la blancheur de la robe. L’ombrelle déployée derrière le frais visage de la petite endimanchée fonctionne comme un écran et augmente la sensation de lumière.

Bibliographie

Ethel Mathier (dir.), Ernest Biéler. Geträumte Wirklichkeit / Réalité rêvée, cat. exp. Berne, Kunstmuseum Bern, Martigny, Fondation Pierre Gianadda, 2011, p. 21-22 et no 4.

Christoph Vögele, « Damen und Dandys, Nymphen und Bauern. Ernest Biélers Menschenbild zwischen Realismus und Idealismus », in Jörg Zutter et Catherine Lepdor (dir.), Ernest Biéler (1863-1948). Du réalisme à l’art nouveau, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Soleure, Kunstmuseum Solothurn, Milan, Skira, 1999, p. 35-57 et no 6.

Madeleine Biéler, Ernest Biéler. Sa vie, son œuvre, Lausanne, Éditions à La Louve – Charles Bonnard, 1953, p. 18 et 41.