Auguste Baud-Bovy
Portrait d’enfant. Valentin en train de peindre, grandeur nature, 1883

  • Auguste Baud-Bovy (Genève, 1848 - Davos, 1899)
  • Portrait d’enfant. Valentin en train de peindre, grandeur nature, 1883
  • Huile sur toile, 182 x 132 cm
  • Acquisition avec le concours de la Société vaudoise des beaux-arts, 1891
  • Inv. 1080
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Baud est marqué dans sa jeunesse par la fréquentation des Bovy, famille genevoise d’artistes et d’intellectuels qui l’initie aux idéaux socialistes de Charles Fourier. Vie familiale et vie artistique se trouvent encore plus intimement liées lorsqu’il épouse en 1868 la peintre sur émail Zoé Bovy, dont il adopte le patronyme accolé au sien. De cette union naîtront deux garçons, Daniel, le futur écrivain, et Valentin, à son tour peintre sous le nom d’André Valentin. En 1882, l’artiste s’établit avec sa famille à Paris.

Réputé plus tard pour ses paysages, Baud-Bovy se voue d’abord au portrait. Ses figures claires, enlevées en pleine pâte, chatoient de mille couleurs, se détachant sur des fonds sombres comme un événement. Si ses enfants lui servent de modèles dès leur naissance, sujets récurrents de ses dessins et de ses peintures dans l’intimité du cercle familial, c’est dans l’intention de le présenter au Salon de Paris qu’il exécute en 1883 ce portait grandeur nature de Valentin à l’âge de huit ans. L’enfant est représenté en train de peindre, situation prémonitoire de sa future vocation artistique. Juché sur un fauteuil, il a la palette à la main, et brosse le bas d’une toile. Au sol sont éparpillés une boîte à pinceaux entrouverte, un couteau et un chiffon taché de couleurs qui affectent le désordre de l’atelier.

Communard paradoxalement fasciné par la noblesse, Baud-Bovy s’était déjà représenté en costume du temps d’Henri IV (Autoportrait, 1873, collection particulière). Ici, la tenue qu’il fait revêtir à Valentin – une robe à collerette et galons rouges, un tablier blanc, des bas de soie et des escarpins vernis – pare son fils d’une aura aristocratique, peu avant le succès international que rencontrera Le Petit Lord Fauntleroy, célèbre roman de Frances Eliza Hodgson.

Bibliographie

Valentina Anker, Auguste Baud-Bovy (1848-1899), Berne, éditions Benteli, 1991, p. 91 et ss.