Aristide Maillol
Torse de l’Île-de-France, 1922

  • Aristide Maillol (Banyuls-sur-Mer, 1861 - 1944)
  • Torse de l’Île-de-France, 1922
  • Bronze, fonte à la cire perdue, 109,5 x 41 x 50 cm
  • Legs Henri-Auguste Widmer, 1936
  • Inv. 71
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Maillol suit une formation de peintre à l’École des beaux-arts de Paris. Il se tourne vers la sculpture à partir de 1895. D’abord émule de l’Art Nouveau, le primitivisme de Paul Gauguin le guide vers une simplicité et une monumentalité sous l’égide de la statuaire antique. À l’opposé des disciples d’Auguste Rodin, il bannit la transposition des émotions par l’expressivité de la forme et la traduction de la subjectivité par la trace du geste, au profit de volumes simples et d’une matière lisse et brillante. Il est de ce fait considéré comme l’un des promoteurs du classicisme moderne, ce « retour à l’ordre » qui caractérise une partie de la sculpture française dans les trois premières décennies du XXe siècle.

Le Torse de l’Île-de-France renvoie bien sûr de prime abord aux statues mutilées de l’héritage antique, mais il témoigne aussi du processus d’élaboration propre à l’artiste qui, comme le montrent des photographies prises dans son atelier, a coutume de commencer précisément par le torse auquel il ajoute ensuite les bras et les jambes, puis la tête. Si l’on conserve de nombreux plâtres de ces états intermédiaires, ceux-ci ne seront jamais coulés du vivant de l’artiste.

Le présent bronze constitue à ce titre une exception. En effet, étape de la réalisation d’une idée qui habite Maillol dès 1907 – celle de la représentation d’une femme marchant dans l’eau –, il est modelé en grand vers 1910, puis abandonné jusqu’en 1920-1921 lorsqu’une collectionneuse américaine en commande une version en bronze. Maillol modifie ensuite la base qui prend une forme ovale dans une nouvelle version en bronze dite « sans pieds », remarquée par le collectionneur lausannois Henri-Auguste Widmer à Paris dans la galerie Eugène Druet. Widmer en commande un tirage pour sa collection, qui sera réalisé par le fondeur Claude Valsuani en 1922.

Bibliographie

Ursel Berger et Jörg Zutter, Aristide Maillol, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Paris, Flammarion, 1996, n° 71.

Jörg Zutter et Catherine Lepdor (dir.), La collection du Dr Henri-Auguste Widmer au Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Milan, Skira, 1998, n° 199.