Ferdinand Hodler
Portrait du Dr Louis Bourget, 1889

  • Ferdinand Hodler (Berne, 1853 - Genève, 1918)
  • Portrait du Dr Louis Bourget, 1889
  • Huile sur toile, 83 x 67 cm
  • Don de Louis Bourget, 1910
  • Inv. 713
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

À la fin des années 1880, Hodler voue un intérêt tout particulier au portrait comme l’atteste son idée de lui consacrer un cours, une proposition qu’il fait à l’Université de Genève et qui se voit refusée. D’une pratique inspirée par le clair-obscur des XVIe et XVIIe siècles où l’incarnat des visages se détachait sur des fonds sombres, il a évolué vers un éclaircissement de sa palette et une concentration sur le rendu du regard qui l’amène à privilégier les poses frontales. Alors que ses premiers modèles étaient des hommes du peuple, artisans ou journaliers, et des proches, il est en voie de s’imposer comme un des peintres les plus sollicités par la bourgeoisie et les élites politiques suisses pour des portraits de commande.

Ici, la silhouette replète de Louis Bourget se détache sur un arrière-plan vert clair, subtilement animé de rouge. La précision chirurgicale de la ligne de contour rend manifeste l’importance du dessin. L’homme, à l’aube de la trentaine, pose le visage de face, mais le corps légèrement désaxé. Son teint vivement coloré contraste avec la blancheur du col empesé, égayé d’une régate, et la masse sombre du costume trois-pièces. Bourget incarne l’assurance des classes bourgeoises, dans une attitude toute de décontraction, les mains dans les poches, le regard tranquillement fixé sur l’artiste.

Louis Bourget, médecin, est privat-docent à l’Université de Genève en 1887. Il sera aussi l’auteur de poèmes et l’illustrateur d’ouvrages qui témoignent de sa passion pour les oiseaux. Proche de Hodler dès sa jeunesse, il l’entourera de ses conseils lorsque sa compagne, Valentine Godé-Darel, tombera malade en 1912. Il commande ce portrait à l’artiste sans doute pour l’aider dans ses difficultés financières. Achevée en 1889, l’œuvre est offerte au Musée par le médecin en 1910, après qu’il l’a retournée à Hodler pour signature, l’occasion d’une dédicace affectueuse : « À mon Ami le Dr. Bourget ».

Bibliographie

Oskar Bätschmann et Paul Müller (dir.), Ferdinand Hodler. Catalogue raisonné der Gemälde. Die Bildnisse, Zurich, Institut suisse pour l’étude de l’art, Zurich, Scheidegger & Spiess, 2012.