Bibliographie
Catherine Lepdor et Elizabeth Fischer (dir.), Modes et tableaux: œuvres de la collection et costumes de 1700 aux années folles, Les Cahiers du Musée des Beaux-Arts de Lausanne n° 10, 2000, n° 18.
Laurent Golay (dir.), Benjamin Samuel Bolomey (1739-1819). Un peintre suisse à la Cour du Prince Guillaume V d’Orange, Zwolle, Waanders Uitgevers, 2001, n° 66.
D[aisy] Agassiz, «Les peintres vaudois du XVIIIe siècle. Benjamin Bolomey (1739-1819). Peintre du Stadhouder Guillaume V d’Orange», in Revue Historique Vaudoise 36, 1928, 3, p. 64-83 ; 4, p. 97-113.
Le Lausannois Bolomey offre l’exemple – rare parmi les peintres suisses romands de sa génération – d’une émigration vers la Hollande et d’une carrière au service d’une cour princière du nord de l’Europe. Après une formation à Paris, où il fréquente le cercle des élèves de François Boucher et admire Maurice Quentin de La Tour, il s’établit à La Haye en 1763 et y acquiert une renommée qui lui vaut de devenir le portraitiste officiel de la cour du prince Guillaume V d’Orange, dernier stathouder de Hollande. En 1791, il revient s’établir à Lausanne où, ardent républicain, il milite en faveur de l’indépendance du Pays de Vaud.
Ici, l’artiste a installé son modèle devant la cascade du Staubbach à Lauterbrunnen, un paysage de l’Oberland bernois qu’il anime de figures en costume régional. Ce lieu, réputé pour sa beauté, est connu pour avoir inspiré à Goethe son célèbre poème Gesang der Geister über den Wassern (1779). L’enfant porte un costume dont la collerette et les poignets en fraise, le rembourrage des épaules, les manches et les pantalons bouffants ainsi que le chapeau à grandes plumes blanches, rappellent la mode espagnole du XVIe et du début du XVIIe siècle. Cette tenue anachronique témoigne du goût pour les mascarades qui caractérise le XVIIIe siècle aristocratique.
La datation de ce portrait et l’identité du modèle font débat. Fut-il réalisé à La Haye comme le suggère sa présence dans la collection de la Princesse Victoria de Prusse ? Ou représente-t-il Louis-William-James Bolomey, petit-fils de l’artiste, de passage à Lausanne en octobre 1810 ? Autre particularité, la toile est une composition de plein air. Elle montre que Bolomey adapte sur le tard ses anciennes formules empruntées à Antoon Van Dyck au nouveau sentiment de la nature qui se répand en Europe.