Émilienne Farny
Rue de l’Armorique (Façade), vers 1970

  • Émilienne Farny (Neuchâtel, 1938 - Lausanne, 2014)
  • Rue de l’Armorique (Façade), vers 1970
  • Acrylique et gouache sur toile, 100 x 81,5 cm
  • Acquisition, 1971
  • Inv. 1971-003
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

De 1962 à 1972, Farny réside à Paris dans le 14e arrondissement. En tant que peintre, elle a toujours pris le parti de la réalité. Et ce qu’elle découvre, c’est une grande ville en mutation, l’alternance des vieux quartiers et des chantiers, les façades mises à nu, l’irruption de la publicité géante, bref, la contemporanéité urbaine dans toute sa violence et toute sa beauté. Autre découverte décisive : le Pop Art américain, qui fait irruption à Paris avec les expositions de Robert Rauschenberg, Andy Warhol, Roy Lichtenstein et Tom Wesselmann à la Galerie Ileana Sonnabend. Enfin, Adam Montparnasse, son magasin de fournitures, met la peinture acrylique sur le marché. L’artiste tient là à la fois une thématique inédite et la suggestion d’une nouvelle écriture figurative.

Rue de l’Armorique
s’inscrit dans une série de façades de logements, de parkings et d’usines. Cette peinture montre bien ce que Farny doit au Pop Art, mais aussi son inflexion personnelle. Plutôt que de s’en tenir aux leitmotive de la nouvelle peinture américaine, pub, bande-dessinée et gadgets, comme le font un certain nombre de peintres suisses et français de sa génération, elle représente son environnement immédiat avec une grande précision documentaire.

Comme dans toutes les peintures de cette série, la rue est déserte, sans passants ni voitures. Peut-être l’artiste pressent-elle qu’une présence anecdotique viendrait nous distraire du propos pictural. Cette absence fait ressortir une réalité sociologique, économique et idéologique qui se signale par son hétérogénéité : le temps syncopé du vieux Paris et de la spéculation immobilière, l’irruption de la publicité et de la signalisation routière, l’arbre mort qui annonce la complainte écologique, etc. De même, la cohérence des aplats, qui s’agencent comme les pièces d’un puzzle, accuse paradoxalement la disparité du paysage urbain.

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La collection

Bibliographie

Pierre Starobinski et Michel Thévoz (dir.), Émilienne Farny, Bern, Till Schaap, 2017.

Michel Thévoz, Émilienne Farny et l’oiseau noir, Lausanne, art&fiction, 2015.

Alain Jouffroy, Bertil Galland et alii, Émilienne Farny. Paysage après meurtre, Lausanne, Kesselring, 1989.