Bruce Nauman
Untitled (Hand Circle), 1996

  • Bruce Nauman (Fort Wayne, 1941)
  • Untitled (Hand Circle), 1996
  • Bronze phosphoreux, cuivre, soudures en argent, 12,7 x 67,3 x 63,5 cm, éd. 9/9
  • Acquisition avec le soutien d'un ami des arts, 1996
  • Inv. 1997-003
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Pour avoir durablement influencé l’évolution des pratiques artistiques conceptuelles et performatives, Nauman est sans conteste un des artistes les plus importants de la seconde moitié du XXe siècle. Dès ses premiers travaux au milieu des années 1960, il fait usage de son corps à la fois comme sujet et comme matériau, que ce soit dans ses performances, ses films, ses vidéos, ses dessins ou ses sculptures. Ainsi, par exemple, dans les films Thighing (Blue) (1967) et Pulling Mouth (1969), il malaxe sa cuisse et étire son visage avec ses mains comme s’il s’agissait de terre glaise. Plus tard, il moulera même des fragments de son corps (From Hand to Mouth, 1967, Washington, D.C., Hirshhorn Museum and Sculpture Garden). Si le visage et la tête sont des éléments récurrents dans son travail, la main y occupe elle aussi une place centrale, en particulier à partir du milieu des années 1990.

Dans une série d’eaux-fortes de 1994 conservée au Musée, Nauman décline des jeux de mains – les siennes – par paires ou par quatre, dont l’un des gestes, à savoir l’index de la main gauche inséré dans l’orifice créé par le pouce et l’index de la main droite, se retrouve dans l’estampe Untitled (Fingers and Holes Series) répété cinq fois pour former un cercle. C’est cette image qui servira de modèle pour réaliser la sculpture Untitled (Hand Circle) à partir cette fois du moulage des mains de l’artiste.

L’obscénité intentionnelle du geste est confirmée par une œuvre en néon de 1985 qui représente le même geste et dont le titre, Human Sexual Experience (coll. privée), est aussi explicite que le geste est graphique. Mais si l’emboîtement des mains crée un mouvement qui renvoie à l’acte sexuel, le choix d’en faire une œuvre en bronze, matériau noble par excellence, apaise son aspect obscène, voire violent. Toutefois, la technique du moulage qui, de même que celle de l’estampe, permet la répétition illimitée d’un même élément, vient souligner le côté circulaire et inextricable de la ronde.

Bibliographie

Kathy Halbreich (éd.), Bruce Nauman. Disappearing Acts, cat. exp. Münchenstein, Laurenz Stiftung, Schaulager, New York, Museum of Modern Art, 2018.

Joan Simon, Bruce Nauman : Fingers and Holes, Los Angeles/New York, Gemini G.E.L., 1994.

Catherine Lepdor, Jörg Zutter et alii, Le Miroir vivant : René Magritte, Marcel Broodthaers, Bruce Nauman, Markus Raetz, Les Cahiers du Musée cantonal des Beaux-Arts n° 6, 1997, n° 46.