Esther Shalev-Gerz
White Out – Entre l’écoute et la parole, 2002

  • Esther Shalev-Gerz (Vilnius, 1948)
  • White Out – Entre l’écoute et la parole, 2002
  • 2 projections vidéo synchronisées, couleur, avec son, 40’ chacune, 7 photographies couleur montées sous Diasec, 6 textes contrecollés sur aluminium, éd. 1/3
  • Acquisition, 2012
  • Inv. 2012-049
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Née en Lituanie, élevée en Israël et vivant à Paris, Shalev-Gerz développe un travail autour d’interrogations liées à la construction de la mémoire, qu’elle soit personnelle ou collective. Sa relecture de l’histoire est ancrée dans le présent de ses protagonistes. En effet, la plupart de ses œuvres sont créées en dialogue avec des gens, qu’ils soient les habitants d’un lieu spécifique ou les témoins d’un événement particulier. Le passé est donc toujours lu à travers le présent de ceux qui s’en souviennent ou qui travaillent avec ses reliques.

Dans White Out – Entre l’écoute et la parole, Shalev-Gerz dresse un portrait en deux temps d’une femme entre deux cultures, deux lieux, deux temporalités. Deux plans fixes d’Asa Simma, une femme d’origine sami vivant à Stockholm, sont projetés face à face, l’un filmé à Stockholm, l’autre dans son paysage natal en Laponie. Dans le premier, elle réagit à des citations évoquant les cultures suédoise et sami, dans l’autre, elle écoute ses propres paroles. Le contraste entre les deux « moi » est frappant – d’un côté la citadine animée dont les mains et les bras bougent de façon expressive pendant qu’elle partage son histoire, et de l’autre le visage calme et réservé de celle qui écoute. L’œuvre divise le moi entre le sujet de l’énoncé et le sujet récepteur, mais aussi entre deux styles de vie. Contrairement à la vidéo D’eux (2009) qui joue sur le contraste entre deux habitants de Paris qui occupent le même espace et le même temps (le philosophe français Jacques Rancière et la jeune philosophe libanaise Rola Younes), le clivage dans White Out divise une seule et même personne. L’« entre-deux » évoqué par le titre est l’espace continûment traversé de l’une à l’autre de deux identités contemporaines, l’oscillation permanente d’une position extérieure à l’autre. En écho à l’histoire officielle du pays, les photographies qui complètent l’installation White Out montrent des objets de la collection de l’Historiska Museet de Stockholm.

Bibliographie

Nicole Schweizer (dir.), Esther Shalev-Gerz. Entre l’écoute et la parole/Between Telling and Listening, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Zurich, JRP Ringier, 2012.

Marta Gili (dir.), Esther Shalev-Gerz, cat. exp. Paris, Jeu de Paume, Lyon, Fage éditions et Paris, Editions du Jeu de Paume, 2010.

Kerstin Smeds, Esther Shalev-Gerz et alii, Esther Shalev-Gerz. Two installations. « White-out » : Between Telling and Listening. « Inseparable Angels » : The Imaginary House of Walter Benjamin, cat. exp. Stockholm, Historiska Museet, 2002.