Peter Emch
w.I.w.a.c., 1981

  • Peter Emch (Bienne, 1945)
  • w.I.w.a.c., 1981
  • Fusain sur papier de soie, 49 x 72,5 cm
  • Acquisition, 1981
  • Inv. 1981-036
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Après avoir étudié le graphisme à l’École d’arts appliqués de Bienne (1960-1965), Emch travaille durant plusieurs années dans le domaine de la publicité à Paris et Zurich. À partir de 1975, il enseigne le dessin. Parallèlement, il commence à se faire connaître comme artiste et à exposer, notamment grâce à l’intérêt du galeriste zurichois Pablo Stähli.

Ce fusain intitulé w.I.w.a.c. (pour « when I was a child », soit « quand j’étais enfant ») fait partie d’une série éponyme de plusieurs dizaines de dessins réalisés entre 1980 et 1984, au format A4 sur papier journal ou, comme ici, aux dimensions d’env. 50 x 70 cm sur papier de soie. Cet ensemble, dont le Musée possède au total 13 œuvres, contribua à la reconnaissance de l’artiste, à une époque où la pratique du dessin, comme médium principal, était le fait de nombreux artistes, de Martin Disler à Silvia Bächli, en passant par Miriam Cahn.

Par ses qualités libre et nerveuse, la série w.I.w.a.c. est ainsi typique de l’époque à travers non seulement une certaine tendance graphique, mais aussi les thèmes abordés, comme la sexualité et les relations entre les hommes et les femmes. À cette époque, Emch vivait dans une communauté dans les environs de Zurich, où ces sujets étaient au centre des discussions. Elles étaient portées par un cercle d’amis, certains psychanalystes de métier, d’autres féministes. La question de l’influence de l’inconscient dans l’art était aussi régulièrement débattue. L’artiste a ainsi intégré ces réflexions à ses dessins, dont les motifs et les jeux de doubles se retrouvent d’une feuille à l’autre, interrogeant sa propre position et cherchant à faire surgir ses pensées les plus clandestines.

Dans ce fusain, un paysage est traversé par une route sinueuse au bord de laquelle des arbres sont plantés à intervalles réguliers. Un lièvre s’en échappe, surplombé par une main, dirigée en sens inverse, dont l’ombre projette un animal menaçant. La juxtaposition des éléments, qui, comme le titre l’indique, prend la forme d’un retour vers l’enfance, complexifie le récit et ouvre plusieurs voies interprétatives.

Bibliographie

Laurence Schmidlin, Naissance et vie des formes. Dessins contemporains de la collection du MCBA, Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, 2022 (coll. Espace Focus, n° 6), p. XX, ill. p. XX.

Toni Stooss, Peter Emch. Zeichnungen 1980-1984, cat. exp. Thurgovie, Kunstmuseum des Kantons Thurgau, Kartause Ittingen, Soleure, Kunstmuseum Solothurn, Graphisches Kabinett, Zurich, Edition Stähli, 1985.