Bibliographie
Jörg Daur, Volker Rattemeyer et alii, Rebecca Horn. Jupiter im Oktogon, cat. exp. Wiesbaden, Museum Wiesbaden, Nuremberg, Verlag für moderne Kunst, 2007.
Giuliana Bruno, Germano Celant et alii, Rebecca Horn, cat. exp. Berlin, Nationalgalerie, Vienne, Kunsthalle Wien, New York, Solomon R. Guggenheim Museum, Eindhoven, Stedelijk Van Abbemuseum, Londres, Tate Gallery et Serpentine Gallery, Grenoble, Musée de Grenoble, Paris, Réunion des musées nationaux, 1995 (1993).
Horn réalise ses premières sculptures cinétiques dans les années 1980. Elles font suite à une importante période de création durant laquelle l’artiste, diplômée de la Hochschule für bildende Künste de Hambourg et marquée par un séjour dans un sanatorium qui l’a condamnée au repos et à la solitude, a exploré la motricité du corps et son déploiement possible dans l’espace. S’inscrivant dans le courant de la performance et du Body Art, elle conçoit des objets qui, tels des excroissances, redessinent le corps et le poussent à réinventer ses gestes et ses interactions avec son environnement: une corne qui se place sur la tête en se fixant sous le menton, des gants aux longs doigts rigides ou encore un masque en lanières de cuir hérissé de crayons.
Progressivement, les machines se substituent au corps. La transition d’un groupe d’œuvres à l’autre est assurée par l’utilisation de matériaux identiques, comme les plumes avec lesquelles Horn a créé des cocons-prisons qui protègent le corps en l’enfermant et en le soustrayant au regard. Elles symbolisent aussi pour l’artiste le vol, ce rêve ancestral de l’être humain.
Dans ces dispositifs à la beauté étrange, souvent érotique, renvoyant aux associations surréalistes d’univers a priori opposés, Horn questionne la beauté du mécanique. Éclairée et parée de grandes plumes de corbeau harmonieusement ordonnée en cercle, cette hélice raffinée se double de son ombre sur le mur. Les plumes se rabattent les unes sur les autres à vitesse très lente, comme un éventail, puis se redéploient. Le mouvement à peine saccadé et son anti-naturalité propre à l’articulation motorisée d’un reliquat animal fascinent. Horn joue de ce paradoxe, le titre de son œuvre – le «zen du corbeau» – invitant à la sagesse et à la maîtrise de soi.