François Bocion
Regarder le lac
Le mcb-a conserve la plus importante collection publique d’œuvres de François Bocion (1828–1890) : un ensemble riche de quelque 180 numéros. En guise de préambule à la future présentation permanente des collections sur le site de Plateforme10, le musée exposait une quinzaine d’œuvres témoignant de la prédominance du paysage lémanique dans la production du peintre vaudois.
Après une formation à Paris dans les ateliers de Louis-Aimé Grosclaude et de Charles Gleyre entre 1845 et 1848, François Bocion revient s’installer à Lausanne, sa ville natale. À sa production hétérogène des débuts (peintures d’histoire, paysages, portraits, scènes animalières ou caricatures pour le journal satirique La Guêpe) succède, dès les années 1860, une peinture orientée vers le paysage, principalement celui des rives suisses et françaises du lac Léman.
Bocion s’inscrit dans le mouvement du pleinairisme qui se développe alors en Europe, avec une pratique picturale proche des pré-impressionnistes. Tout au long de sa carrière, il exécute de nombreuses études sur papier, carton ou toile, parfois datées et localisées, témoignant de régulières séances de travail en extérieur qu’il affectionne particulièrement.
Au XIXe siècle, le lac Léman est encore principalement fréquenté par des travailleurs. Pêche, chasse ou encore transport de marchandises, Bocion observe les métiers du lac en plaçant la figure humaine au premier plan, souvent un groupe de personnages, dans des compositions à mi-chemin entre scène de genre et paysage.
Peu développée à l’époque, la navigation de plaisance est quant à elle réservée à de rares privilégiés, dont la famille du peintre. Toutefois, l’utilisation toujours plus fréquente du bateau à vapeur par une clientèle aisée va contribuer au développement touristique de la région. Témoin de ces changements, Bocion écrit, à travers sa production, une véritable chronique de son temps.
À partir des années 1880, Bocion évolue vers le paysage pur. La présence humaine se fait rare, parfois réduite à un élément compositionnel, à l’instar d’embarcations ou de lointaines habitations. Critiqué pour son utilisation de couleurs trop vives et violacées, il éclaircit sa palette et simplifie les formes. Plus diluée, l’huile laisse alors transparaître des traits de crayon révélant une première esquisse préparatoire sous-jacente. D’abord décor, le lac est désormais le sujet principal, cette évolution confirmant la renommée de Bocion comme « peintre incomparable du Léman ».