Aloïse (Aloïse Corbaz, dite)
Bonne année, entre 1950 et 1960

  • Aloïse (Aloïse Corbaz, dite) (Lausanne, 1886 - Gimel, 1964)
  • Bonne année, entre 1950 et 1960
  • Crayons de couleur partiellement aquarellés sur papier, 52,8 x 84,1 cm
  • Don du professeur Hans Steck, 1971
  • Inv. 1971-041
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne
    © Association Aloïse

Aloïse ne se considère pas comme une artiste, mais comme un scribe : « je copie ce que j’entends », écrit-elle. À l’asile, pendant plus de quarante ans, c’est cet univers révélé qu’elle va représenter. Elle dit y accéder par une « grande lunette à vision » qui lui permet de « plaquer des grands tableaux ». Certains de ses personnages lui apparaissent en songe, et elle dialogue avec eux à haute voix en les dessinant : « Mlle [?], vous n’êtes pas du tout comme je vous ai vue cette nuit. »

Les compositions d’Aloïse reposent sur un vaste répertoire de personnages, d’animaux et de lieux, issus d’une culture savante et populaire, littéraire, musicale, philosophique et alchimique, dont on se demande comment elle l’a acquise. Ressemblances formelles, jeux de mots ou assonances tissent un réseau où l’on repère rapidement des constantes qui balisent le territoire de sa pensée.

On retrouve sur ce dessin tous les procédés figuratifs de l’artiste : saturation de l’espace, imbrication serrée des formes simples, contours appuyés, grands aplats de couleurs vives et fraîches, absence de profondeur, hiératisme, échelle dictée par l’importance des personnages. Trois femmes au buste dénudé et un pape coiffé d’une tiare aux longs fanons émergent d’un décor fait de feuillages, de fleurs, de grappes de raisin et d’oiseaux. Les associations proposées fonctionnent par une relance du « c’est comme … ». Ainsi, les seins des femmes, c’est comme des camélias, comme des grains de raisin. La palette d’un peintre, c’est comme le nid d’œufs multicolores qui décore le sapin de Noël, comme les ocelles de la roue du paon, ou encore comme les aigrettes des oiseaux. Le thème central de la peinture est rendu plus explicite encore par le pinceau que tient le pape, et surtout par la palette du petit homme agenouillé au centre, qui baise la main de la plus merveilleuse des trois déesses.

Bibliographie

Jacqueline Porret-Forel, assistée de Céline Muzelle, Aloïse Corbaz (1886–1964). Catalogue raisonné électronique, Chigny Fondation Aloïse, Zurich, Institut suisse pour l’étude de l’art, 2012, www.aloise-corbaz.ch, n° 412.01.

Jacqueline Porret-Forel et Céline Muzelle, avant-propos de Pascale Marini, Sarah Lombardi et Catherine Lepdor, Aloïse. Le ricochet solaire, Milan, 5 Continents Editions, 2012.

Jacqueline Porret-Forel, Aloïse et le théâtre de l’univers, Genève, Éditions d’Art Albert Skira, 1993.