Jean-Léon Gérôme
Caravane passant près des colosses de Memnon. Thèbes, 1856

  • Jean-Léon Gérôme (Vesoul, 1824 - Paris, 1904)
  • Caravane passant près des colosses de Memnon. Thèbes, 1856
  • Huile sur toile, 40 x 62 cm
  • Acquisition, 2015
  • Inv. 2015-029
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Après l’expédition napoléonienne de 1798, l’égyptomanie ne cesse de croître parmi les scientifiques et les artistes tout au long du XIXe siècle. Lors de son bref passage dans l’atelier de Charles Gleyre en automne 1844, Gérôme est marqué par le récit du fabuleux voyage que le Suisse a entrepris dix ans auparavant du Caire jusqu’en Nubie. Pour sa part, c’est en 1855 qu’il se rend pour la première fois sur la terre des pharaons, envoyé en mission de documentation par le Ministère de l’instruction publique en compagnie, entre autres, du sculpteur Auguste Bartholdi.

Comme il l’avait fait en 1846 avec Un Combats de coqs (Paris, musée d’Orsay), qui rompait avec l’héroïsation de la peinture d’histoire en montrant une Grèce antique mais familière, Gérôme ouvre de nouvelles voies à la peinture orientaliste en proposant une banalisation et une actualisation de la représentation des monuments de l’Antiquité. Dès cette étude aboutie pour la grande Vue de la plaine de Thèbes présentée au Salon de 1857 (Musée d’arts de Nantes), il choisit de montrer les colosses de Memnon de dos, dans le lointain ; au premier plan qui sert de repoussoir, la base d’une colonne et une pierre gravée de hiéroglyphes – vestiges peut-être du Temple des millions d’années d’Amenhotep III – sont réduites à de simples éléments du décor naturel au milieu duquel chemine une caravane. Il en résulte une vue panoramique et atmosphérique, qui embrasse un paysage s’étendant à perte de vue, où désert, traces des grandes civilisations et êtres humains ne font qu’un, une impression renforcée par un coloris tendant au monochrome, déclinaison d’ocres, de roses et de bleus délicats. Le silence et le calme qui règnent sur la composition étonnent finalement chez celui dont les tableaux, le plus souvent bruyants et fourmillants de détails, inspireront les réalisateurs des péplums hollywoodiens.

Bibliographie

Jean-Léon Gérôme (1824-1904). L’Histoire en spectacle, cat. exp. Los Angeles, The J. Paul Getty Museum, Paris, Musée d’Orsay, Madrid, Museo Thyssen-Bornemisza, 2011, Paris, Skira Flammarion, 2010.

Christine Peltre, Les Orientalistes, Paris, Hazan, 2000.

Hélène Lafont-Couturier, Gérôme, Paris, Herscher, 1998.