Fabrice Gygi
Crossblocks, 2001

  • Fabrice Gygi (Genève, 1965)
  • Crossblocks, 2001
  • 7 éléments en acier, peinture, chaînes de fer, 120 x 150 x 165 cm (chaque élément)
  • Acquisition en co-propriété avec la Confédération suisse, Office fédéral de la culture, Berne, 2005.
  • Inv. 2005-032
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Barrières, murs de sacs, airbags, barrages routiers, tours de contrôle, pylônes ou canons à eau, les sculptures de Gygi déclinent toute la gamme du mobilier urbain ayant trait au maintien de l’ordre social, à la protection ou à la canalisation des individus. Formé à Genève à l’École des arts décoratifs entre 1983 et 1984 et à l’École supérieure des arts visuels de 1984 à 1990, l’artiste s’oriente très vite vers la sculpture, tout d’abord avec des structures temporaires (Cabane, 1986) puis au moyen de performances utilisant des objets (Always Upright, 1995). Il développe un vocabulaire formel hérité du minimalisme – tant dans son utilisation des matériaux que dans l’attention portée à l’espace et au rôle des spectateurs – pour explorer des thèmes liés au pouvoir et à l’autorité dans leurs diverses manifestations. Ainsi le thème de la barrière ou de la palissade, cet élément urbain destiné à protéger mais aussi à séparer, à canaliser, à enfermer, apparaît de façon récurrente dans son travail.

Crossblocks se présente comme un alignement d’éléments en acier reliés par des chaînes, une barrière à l’aspect infranchissable et menaçant, mais contenant déjà sa potentielle transgression, comme l’évoque le titre même de l’œuvre (« to cross » signifiant « traverser »). L’aspect lisse de l’acier peint contraste avec l’agressivité de la forme, plaçant l’installation à mi-chemin entre sculpture minimaliste et mobilier urbain, tandis que les chaînes reliant les éléments entre eux évoquent aussi l’univers de la torture ou les pratiques sexuelles sadomasochistes. Construite à hauteur humaine, la sculpture renvoie les spectateurs à leur corps et, partant, à leur rapport à l’espace dans lequel ils évoluent – qu’il soit urbain ou muséal, contraignant ou à reconquérir.

Bibliographie

Gygi. A Manual, cat. exp. Venise, Pavillon suisse, 53e Biennale de Venise, 2009, Zurich, JRP Ringier, Berne, Office fédéral de la culture, 2009.

Andreas Baur, Konrad Bitterli et Lionel Bovier (éd.), Fabrice Gygi, cat. exp., Genève, MAMCO, Esslingen am Neckar, Villa Merkel, Galerien der Stadt, Saint-Gall, Kunstmuseum St. Gallen, Zurich, JRP Ringier, 2005.