Robert Ireland
Dépendances, 2000

  • Robert Ireland (Dallas, 1964)
  • Dépendances, 2000
  • Peinture sur toile, impression jet d’encre sur papier, châssis en bois, 160 x 270 cm
  • Don de l’artiste, 2019
  • Inv. 2019-008
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Artiste plasticien, Ireland est aussi auteur de textes théoriques traitant des questions qu’il explore dans sa pratique. Ses réflexions sur l’histoire de la peinture – ses codes, ses conventions, mais aussi les affects qu’elle véhicule – se déploient toujours en partant des conditions matérielles de production d’une image – toile, châssis, papier, peinture, etc.

Dépendances fait partie d’une série d’œuvres présentées lors de son exposition personnelle au Musée en 2004, Speaking of Pictures, pour laquelle Ireland avait mis en espace ses réflexions sur le musée comme lieu de mémoire. L’œuvre consiste en un châssis rectangulaire rythmé par des croisillons, sur lequel est déposé une toile peinte dont le revers recouvre en partie une photographie retenue par des punaises. Tout est contenu dans l’espace du châssis, mais les différents éléments ne l’emplissent que partiellement, le vide – ou plus précisément le mur – devenant partie intégrante de la composition. À l’inverse de l’idée albertienne du tableau comme une fenêtre qui ouvre sur le monde, Ireland s’intéresse avant tout à la « fenêtre » elle-même, à savoir à toutes les strates matérielles qui composent le tableau. Il met en résonnance des fragments d’images qui, à leur tour, font image par effet de montage, ou alors il joue à les mettre en abîme par des effet d’échos visuels.

Ainsi, la photographie d’un drap séchant au vent renvoie aussi bien à la toile suspendue littéralement au châssis qu’à la question de la surface picturale comme écran, tandis que la légère déchirure qu’on y devine appelle à des associations avec l’histoire de la peinture, ici Lucio Fontana et ses toiles incisées. Autre association, la toile sur laquelle on devine la peinture d’un drapé est elle-même drapée comme un habit sur le châssis, tout en renvoyant à l’histoire de la peinture depuis la Renaissance, tandis que sa réalisation au pochoir évoque l’histoire des techniques, et marque la distance entre une idée, le geste qui la réalise et ce qui nous est donné à voir.

Bibliographie

Pierre Bonnet, Marianne Dautrey et alii, Robert Ireland : intro retro spectif, Golion, Infolio, 2011.

Robert Ireland, Hors propos : textes réflexifs écrits entre 1993 et 2006, Rome, Razzia, 2007.

Robert Ireland, Speaking of Pictures, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Rome, Razzia, 2004.