David Hominal
Flowers, 2006

  • David Hominal (Evian, 1976)
  • Flowers, 2006
  • Acryl sur papier, 148 x 190 cm
  • Don de l'artiste, 2009
  • Inv. 2009-002
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Hominal mêle des images de sources diverses et des références à différents arts et traditions picturales, avec la volonté de se confronter aux grands récits de la peinture, voire de s’y inscrire, et avec la gravité de celui qui se fraye un chemin, malgré les doutes. La peinture est pour lui un devoir impératif : espace de répit autant que de tyrannie, elle demeure envers et contre tout la promesse de tous les possibles.

Amateur de musique classique et de jazz, Hominal les convoque régulièrement dans son œuvre à travers des mots qu’il inscrit en lettres capitales dans l’espace pictural (termes musicaux, noms d’artistes, titres, etc.). Ici, un diaphane « REQUIEM » (du mot latin signifiant « repos ») s’inscrit à la limite d’un pré fleuri et d’un ciel bleu foncé, électrique. La messe du souvenir qui se joue est un chant sans fin. L’iconographie de Flowers est ainsi riche de symboles. Au premier plan, occupant plus de la moitié de l’image, des capsules de pavots somnifères – dont s’écoule l’opium après qu’on les a incisées – entourent la dernière fleur épanouie. D’un rose éclatant et lumineux, elle domine comme un phare dans la nuit et perce le ciel de quelques éclaircies. Vision onirique d’une nature luxuriante, dans le clair-obscur de la conscience, cette œuvre dégage une mélancolie sereine.

Hominal travaille généralement par série, et l’on est tenté de voir dans Requiem (2006, conservé au Musée), de plus grand format, sur le même support précaire de papier, le pendant de Flowers. Cette autre œuvre aiguille ainsi notre lecture de la première : disparus sous une couche de blanc, les mots « PAINTING », « REQUIEM », « PAINTING » s’y succèdent. La seconde occurrence de « PAINTING » est doublée d’un « REQUIEM » aux lettres cernées de noir. À la mort souvent annoncée de la peinture, l’artiste semble opposer sa persistance. Mais il évoque tout autant le désir vain de représenter ce qui ne dure pas.

Bibliographie

Laurence Schmidlin (dir.), David Hominal, Vevey, Musée Jenisch Vevey, Zurich, JRP Ringier, 2016 (Binding Sélection d’Artistes no 60).

Bernard Fibicher, Catherine Lepdor et Sarah Zürcher. Hespérides, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, 2009, p. 65 et 112.

David Hominal, Nicolas Pages et Philippe Pirotte, You’ll Never Walk Alone, cat. exp. Lausanne, Espace Arlaud, Lausanne, Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne, 2007, p. 32-33.