Zao Wou-Ki
Hommage à Edgar Varèse – 15.10.64, 1964

  • Zao Wou-Ki (Pékin, 1921 - Nyon, 2013)
  • Hommage à Edgar Varèse – 15.10.64, 1964
  • Huile sur toile, 255 x 345 cm
  • Don de Françoise Marquet, 2015
  • Inv. 2015-002
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne / Image: Fondation Zao Wou-Ki Genève

D’origine chinoise, Zao Wou-Ki est l’une des figures de proue de l’abstraction lyrique depuis la fin des années 1950. Il s’établit en France en 1948 et se lie d’amitié avec Hans Hartung, Alfred Manessier, Henri Michaux, Maria Helena Vieira da Silva et Pierre Soulages, sans faire formellement partie de la Seconde École de Paris.

Grand amateur d’opéra et de musique contemporaine, Zao Wou-Ki rencontre Edgar Varèse en octobre 1954, grâce à Michaux. Il assiste peu après à la création de Déserts au Théâtre des Champs-Élysées, partition intégrant des sons électroniques – un des plus grands scandales de l’histoire de la musique. Varèse est l’un des pionniers d’une musique fondée principalement sur le son, c’est-à-dire le timbre, au détriment de la note, et qui dès lors intègre également le « bruit ». Lors d’un entretien radiophonique en 1955, il définit sa musique comme un « mouvement de plans et de masses sonores, variant en intensité et en densité. Quand ces sons entrent en collision, il en résulte des phénomènes de pénétration, ou de répulsion. »

Zao Wou-Ki peint Hommage à Edgar Varèse un an avant la mort du compositeur. C’est une œuvre charnière qui inaugure la série des grands formats qu’il réalise à partir des années 1960. Comme le musicien, l’artiste joue avec des tensions dynamiques et rythmées, ainsi que des mouvements de masses colorées créant des espaces qui s’interpénètrent et s’ouvrent au mystère. Recourant aux techniques les plus diverses (larges coups de brosse, empâtements, coulures, éclaboussures, sgraffito, etc.), il met en scène un drame pictural épique, un tourbillon figurant le combat des ténèbres et de la lumière.

Varèse séjourne au Nouveau-Mexique à deux reprises entre 1936 et 1937. Il y découvre les déserts américains. Pour lui, le désert est un « tourbillon brûlant […] qui transcende l’attitude de l’homme ». Le tableau de Zao Wou-Ki apparaît comme une interprétation lyrique de cette vision.

Bibliographie

Erik Verhagen, « La leçon de Varèse », in Zao Wou-Ki. L’espace est silence, cat. exp. Paris, Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, Paris, Paris Musées, 2018, p. 26-31, ill. no 9.

Odile Vivier, Varèse, Paris, Seuil (coll. Solfèges), 1973, p. 147.

Georges Charbonnier, Entretiens avec Edgar Varèse. Suivis d’une étude de l’œuvre, Paris, Éditions Pierre Belfond, 1970, p. 36.

Yann Hendgen, « Zao Wou-Ki. Friendship with Edgard Varèse », in Edgard Varèse. Composer. Sound Sculptor. Visionary, Felix Meyer et Heidy Zimmermann (ed.), Mayence et Bâle, Schott, Museum Tinguely et Paul Sacher Stiftung, pp. 482-483.