Auguste Baud-Bovy
Lioba ! Berger de l’Oberland bernois rappelant son troupeau, 1886

  • Auguste Baud-Bovy (Genève, 1848 - Davos, 1899)
  • Lioba ! Berger de l’Oberland bernois rappelant son troupeau, 1886
  • Huile sur toile, 130 x 98 cm
  • Acquisition, 1900
  • Inv. 1058
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

En 1882, Baud-Bovy quitte Genève pour rejoindre à Paris ses amis communards et les artistes de la colonie suisse romande. Séjour de brève durée, le temps de s’éprendre de la palette de Camille Corot, d’abandonner la matière sombre et épaisse qui caractérisait ses portraits. En 1888 déjà, il reviendra en Suisse et s’établira à Aeschi, petit village de l’Oberland bernois.

Lioba ! annonce ce retour au pays natal dicté par la nostalgie d’une vie en pleine nature. La toile fait partie d’une série de six tableaux de grand format illustrant les Gestes héroïques du berger, entreprise entre 1886 et 1890. Elle s’inspire de croquis réalisés durant l’été 1885 à la Bundalp, dans la vallée du Kiental. L’œuvre est peinte dans une matière maigre, déclinaison de gris clairs et de verts tendres réchauffés par des ocres mêlés de rouge. L’accent est mis sur la noble assurance du berger solitaire dont la silhouette imposante, au contrapposto donatellien, domine la vallée et le minuscule troupeau de vaches.

Peint quatre-vingts ans après le Promeneur au-dessus d’une mer de brouillard de Caspar David Friedrich (1818, Hambourg, Kunsthalle), cette toile en offre une surprenante reformulation. Les deux tableaux partagent un format en hauteur, un homme de dos au sommet d’un promontoire rocheux la main droite posée sur la hanche, des montagnes à l’horizon et des nuées montant de la plaine. Cependant, d’une œuvre à l’autre, la relation au paysage diffère. Alors que l’icône du romantisme allemand confrontait un citadin à l’immensité d’une nature vierge et invitait à une réflexion sur l’insignifiance de l’épisode humain dans l’histoire de la terre, la scène de genre estivale de Baud-Bovy célèbre la relation harmonieuse entre la civilisation primitive des bergers et la haute montagne. Le titre du tableau, qui se réfère au cri traditionnel du rappel des troupeaux et à son écho renvoyé par les contreforts, souligne cette osmose.

Exposé actuellement

La collection

Bibliographie

La peinture suisse entre réalisme et idéal (1848-1906), cat. exp. Genève, Musée Rath, 1998, n° 112.

Valentina Anker, Auguste Baud-Bovy (1848-1899), Berne, Benteli, 1991.