Sandrine Pelletier
The Deserted, 2015

  • Sandrine Pelletier (Lausanne, 1976)
  • The Deserted, 2015
  • Installation : 7 socles en bois brûlé, acrylique, vernis mat et verre fondu, 120 x 38 x 38 cm (chaque socle)
  • Acquisition de la Commission cantonale des activités culturelles, 2016
  • Inv. 2016-079
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Diplômée en scénographie du Centre d’enseignement professionnel de Vevey (1999) et en graphisme de l’École cantonale d’art de Lausanne (2002), Pelletier crée ses premières œuvres en dessin et en textile et broderie : portraits, scènes de foule, cristaux et animaux surgissent de l’enchevêtrement des traits de crayon ou des fils. Au tournant des années 2010, elle réalise ses premières installations. Goodbye Horses (2009) est une œuvre charnière entre ces deux périodes de création : trois chevaux de fils imprégnés de latex et de goudron galopent dans le vide, telles des silhouettes tout juste tracées à l’encre. L’artiste s’approprie progressivement l’espace avec des interventions sculpturales monumentales – parfois dans un cadre naturel comme une forêt ou un désert, d’autres fois dans des lieux clos à la forte identité architecturale comme une église ou une grange –, tandis qu’elle diversifie ses matériaux. Elle travaille le bois, le verre, le miroir, le métal, la céramique, avec une certaine brutalité, explorant leur potentiel esthétique à travers leur dégradation.

Depuis 2012, Pelletier habite entre Lausanne et Le Caire. Au contact de la culture égyptienne, elle maîtrise de nouvelles techniques et modifie ses processus de travail. L’installation The Deserted (« Les désertés ») a été créée au Caire avec la collaboration de l’artiste Houreya El sayed, rare femme verrière de la ville. Son titre évoque l’abandon, le vide, les lieux délaissés ou peu fréquentés qui perdurent selon leur propre temporalité. Les sept éléments en bois sont des socles à sculpture brûlés et recouverts de verre fondu. Pelletier a embrasé la cloche qui les couronnait et le verre en fusion – une opération périlleuse puisqu’il coule alors très vite – a ruiné le support, tout en se figeant. Avec ce geste fort de brûler, donc de détruire, elle fait paradoxalement place à la renaissance possible des formes.

Bibliographie

Laurence Schmidlin (éd.), Sandrine Pelletier. The Crystal Jaw, Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, 2021 (coll. Espace Projet, n° 3).

Bernard Fibicher, Atlas. Cartographie du don, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, 2019, p. 57.