Miriam Cahn
Schiff, 1984

  • Miriam Cahn (Bâle, 1949)
  • Schiff, 1984
  • Fusain sur papier, 145 x 98 cm
  • Acquisition, 2020
  • Inv. 2020-007
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Après une formation rigoureuse en graphisme à la Gewerbeschule de Bâle (1968-1973), Cahn trouve une liberté d’expression dans le dessin qu’elle pratique, souvent les yeux fermés, directement sur le sol et sur des grandes feuilles de papier posées par terre, lui permettant le mouvement. Elle interviendra également sur les murs d’un pont autoroutier à Bâle (mein frausein ist mein öffentlicher teil, 1979-1980), ce qui lui vaudra un procès. Ses dessins (au fusain, à la craie noire, plus rarement au crayon) sont délivrés sur le support avec force et énergie, Cahn intervenant à coup de grands gestes vifs, se laissant emporter dans ce moment d’élaboration des formes qui semblent souvent émerger du chaos. Tous portent les empreintes de son corps.

Engagée dans les mouvements féministe et antinucléaire, Cahn aborde sans concession la violence qui caractérise le monde et les relations humaines. La sexualité et la guerre sont des thèmes récurrents, de même que la femme, représentée nue sous des traits schématiques, les organes sexuels prononcés (comme dans le cycle das klassische lieben – femmes dont le Musée possède une série de 1981), et sa condition dans la société. L’artiste classe ses motifs en deux catégories, l’une féminine (domaine intérieur : maisons, lits, tables, etc.) et l’autre masculine (domaine extérieur : chars, canons, navires de guerre comme ce Schiff, etc.). Cette division entre l’intime et le militaire, la protection et la destruction, fait l’objet même de la scénographie de l’exposition de Cahn à la Kunsthalle de Bâle en 1983, confrontant le public à l’assignation sociale des sexes.

Schiff est un dessin caractéristique de cette première période de création qui durera jusqu’à la fin des années 1980, avant que la peinture et la couleur n’élargissent les moyens d’expression de l’artiste. Ce vaisseau, qui ressemble à un cercueil surmonté de cinq croix, dérive vers l’angle inférieur gauche de la feuille, comme s’il entrainait tout avec lui tout avec lui. Sa présence est oppressante, due à sa prédominance sur le support, de surcroît saturé de traits.

Exposé actuellement

La collection

Bibliographie

Annette Hüsch (éd.), Miriam Cahn. Auf Augenhöhe / At Eye Level, cat. exp. Kiel, Kunsthalle zu Kiel, 2016.

Klaus Gallwitz et Adam Szymczyk, Miriam Cahn. zeichnen/drawing/dessiner, Fribourg, Modo, 2014.

Jean-Christophe Ammann et Theodora Vischer, Miriam Cahn. Arbeiten 1979-1983, cat. exp. Bâle, Kunsthalle, Bâle, Basler Kunstverein, 1983.