Bibliographie
Elio Schenini, Wow ! Raccotando le opere di Vincent Kohler/Recounting the works of Vincent Kohler, cat. exp. Lugano, Museo Cantonale d’Arte, 2012, p. 31.
Andrea Thal, Vincent Kohler, Lucerne/Poschiavo, Edizioni Periferia, Zurich, Pro Helvetia, 2007, p. 5-8 (Collection Cahiers d’Artistes).
Catherine Othenin-Girard, Vincent Kohler, Lausanne, Collection BCV-Art (n° 28), 2005, n. p.
Kohler détourne des objets familiers et les mène aussi loin que son imagination le porte, du côté de la culture populaire et parfois de l’enfance. Il les surdimensionne et les transforme, leur donnant un caractère humoristique, grotesque ou fantastique. Charlotte (2001, Genève, Mamco) est une monstresse faite de pommes de terre dont les morceaux sont articulés avec des simili cure-dents, Cervelas (2008) une saucisse grillée géante aux extrémités fendues en croix, et Cancan (2013) une édition illimitée de jambes en béton inspirées des présentoirs pour collants.
La musique est un domaine de prédilection de l’artiste, qui est aussi batteur dans le groupe Kunst. Œuvre de jeunesse, Vintage Drums Ensemble fait référence à cette passion. Pas de jeu d’échelle ici : il s’agit d’une batterie de genre hard rock, dont les nombreux éléments servent à impressionner le public. L’artiste a orné les peaux de peintures alpestres grossièrement réalisées d’après des photographies. L’instrument ne se prête plus à sa fonction usuelle, à moins d’imaginer un geste iconoclaste. Il est devenu un dispositif de monstration de la peinture : ces « tondi » ouvrent des fenêtres sur la nature comme si l’on regardait un paysage à travers une longue-vue. Un panorama se poursuit par exemple sur plusieurs fûts en écho à la descente de toms, figure rythmique typique du rock et du jazz.
Vintage Drums Ensemble est la rencontre entre deux cultures, celle du folklore, du pittoresque, et celle du rock. Sous son apparence détonante, proche du mauvais goût (paillettes rouges et peintures médiocres), cette œuvre questionne par son absurdité l’esthétique kitsch. Elle évoque aussi la « customisation », cette réappropriation des objets produits en série.